Il assure que rien n’était à lui. Un pompier du Val-d’Oise soupçonné d’appartenir au black bloc, interpellé samedi avec des cocktails Molotov et feux d’artifice lors de l’acte XXIII des « gilets jaunes », a été condamné mardi 23 avril à dix mois d’emprisonnement avec sursis. Trois autres hommes arrêtés avec lui ont reçu des peines allant de huit à dix mois avec sursis, là où le parquet réclamait un an avec sursis pour la plupart d’entre eux.

Samedi vers 10 h 30, ils avaient été interpellés dans une boulangerie du 10e arrondissement de Paris, où se trouvait un sac siglé « sapeurs-pompiers Persan », une ville du Val-d’Oise ainsi qu’un arsenal pyrotechnique : une bombe aérosol lacrymogène, des cocktails Molotov, plusieurs briquets, 17 fumigènes et divers pétards et feux d’artifice. Le sac contenait également une banderole « I’m black bloc, don’t panic, sauf si t’es flic ».

« J’ai pas réfléchi »

Devant le tribunal à Paris, les prévenus ont présenté la même version : alors que la police s’apprête à encercler des manifestants samedi, l’un d’entre eux accepte dans la précipitation un sac de la part d’un inconnu, sans savoir ce qu’il contient. « Je n’ai pas réfléchi », a dit l’un d’eux, commercial de 31 ans dans une entreprise de sécurité, expliquant avoir agi « par solidarité ».

Sur la vidéosurveillance de la boulangerie, on voit cet homme déposer le sac à l’étage, redescendre puis revenir avec le pompier et les autres prévenus. Agités, ils semblent avoir une altercation. « On est en colère contre lui [le commercial] car il a pris un sac sans savoir ce qu’il y avait dedans », s’est justifié le pompier professionnel, en précisant que son unité, localisée à Osny, « n’a pas ce genre de sacs ».

Sentant « une odeur d’hydrocarbure », il souhaite en vérifier le contenu et « avertir le gérant de la boulangerie », mais la police interpelle le groupe au même moment. Les policiers auraient ensuite déballé le sac et « mélangé » le contenu avec leurs effets personnels issus de leurs propres sacs, dont certains habits noirs, selon les prévenus.

« Adhésion à la violence »

« C’est une thèse que je ne comprends absolument pas », a fustigé la procureure, en rappelant que ce pompier a déjà été condamné pour « transports d’artifices non détonants ». Pour elle, les prévenus « ont agi de concert » et voulaient « se vêtir comme des black blocs pour allumer des pétards des feux d’artifice, ou créer des incendies beaucoup plus violents ».

Supporters du PSG, ils ont également des photos sur leurs téléphones montrant des « ultras » en train d’utiliser des fumigènes ou un black bloc habillé en noir. Le signe d’une certaine « adhésion à la violence », selon elle.

« Quel rapport entre les photos et le contenu du sac ? », s’est indignée la défense. L’avocate du pompier, Lucie Simon, a dénoncé « une fouille faite n’importe comment », dont les photos ont été rapidement diffusées par un syndicat policier. Son client « n’avait pas d’essence sur les mains » et aucune recherche d’empreintes n’a été faite sur le sac, a-t-elle déploré.

Acte XXIII des « gilets jaunes » : les images des manifestations tendues à Paris
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