Jean-Luc Melenchon à Londres, le 24 septembre 2018. / PHIL NOBLE / REUTERS

Certains saluent un « premier pas » d’union, d’autres dénoncent un « calcul » opportuniste : en appelant à la création d’une « fédération populaire » après les européennes, Jean-Luc Mélenchon tente de replacer une France insoumise en difficulté au centre du jeu à gauche.

Comme il y a un an avec sa demande de nouveau « front populaire », Jean-Luc Mélenchon annonce dans Libération son ouverture à un rapprochement des forces de gauche mercredi 24 avril, appelant, cette fois-ci, à la création d’une « fédération populaire » :

« Si l’élection (européenne) nous en donne la force, nous assumerons de nouveau notre responsabilité. Nous proposerons de nouveau une fédération populaire à construire dans les élections suivantes et dans les mouvements écologiques et sociaux ».

« C’est : “Je veux bien rassembler, mais derrière moi” »

Il estime que pour unir « les classes populaires et les classes moyennes plus favorisées qui n’appartiennent pas à l’oligarchie » son programme, l’Avenir en commun, peut fournir « une bonne base de départ » aux discussions.

Ce détail n’a pas échappé à ses potentiels partenaires à gauche. « C’est : “Je veux bien rassembler, mais sur mes bases et derrière moi”. Et c’est comme ça qu’on n’y arrive jamais », a déploré Olivier Faure, le Premier secrétaire du PS, sur Europe 1.

Un avis que partage Ian Brossat, tête de liste du PCF aux européennes, qui a déclaré au Monde qu’il « faut qu’on se reparle à gauche après le 26 mai. (…) [Mais] personne ne peut jouer les gros bras ».

Benoît Hamon, fondateur du mouvement Générations, regrette dans Libération que cette proposition de M. Mélenchon intervienne tardivement, pour après les élections européennes :

« Nous avons fait une proposition d’union avant que ne s’engage la campagne des européennes pour éviter la dispersion de la gauche face à Macron et à l’extrême droite : celle d’une votation citoyenne qui aurait permis aux citoyens, très attachés à l’unité de la gauche, de s’emparer de cette question et de la trancher démocratiquement et en toute transparence. Nous avons essuyé des refus pavloviens de la part des appareils. »

Mélenchon « en difficulté »

Le secrétaire national d’EELV, David Cormand, ne cache pas non plus sa méfiance : « Mélenchon le fait maintenant parce qu’il est en difficulté politique, interne, et dans les sondages. Il voit bien que le peuple de gauche qui lui avait accordé sa confiance à la présidentielle considère moins que c’est lui qui peut offrir une alternative aux libéraux et aux fachos. »

La liste LFI est créditée de 7 à 9 % d’intentions de vote le 26 mai, tantôt au coude à coude avec EELV, tantôt menacée par la liste PS-Place publique, et dans tous les cas loin des presque 20 % qu’avait obtenus M. Mélenchon à la présidentielle de 2017.