Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse dans la salle des fêtes de l’Elysée, le 25 avril. / JEAN-CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR « LE MONDE »

Emmanuel Macron donnait jeudi 25 avril sa première conférence de presse – exercice inédit depuis le début de son quinquennat. Une intervention censée apporter ses réponses au grand débat lancé le 15 janvier, pour tenter d’éteindre la crise des « gilets jaunes » et relancer son quinquennat à un mois des élections européennes.

Dans son propos liminaire, M. Macron a estimé que les trois mois du grand débat avaient mis en exergue « un profond sentiment d’injustices fiscale, territoriale, sociale » mais aussi un « sentiment de manque de considération », notamment de la part des « élites, toutes les élites », et lui-même « au premier chef ».

« Est-ce qu’on a fait fausse route ? Je crois tout le contraire », a cependant rapidement prévenu le président. « Les mesures n’ont pas été suffisamment rapides, humaines, radicales, mais je crois profondément qu’elles ont été justes, a-t-il insisté. Les transformations en cours ne doivent pas être arrêtées. » Il a ensuite présenté quatre « grandes orientations pour une nouvelle étape », sur les thèmes de la démocratie et des institutions, de la justice fiscale, du climat et du « projet français ».

  • Le RIC et le vote blanc écartés

Ni le RIC (référendum d’initiative citoyenne) ni la reconnaissance du vote blanc, réclamés par les « gilets jaunes », n’ont été retenus par M. Macron à l’issue de ce grand débat. En revanche, il a dit vouloir « aller plus loin sur le référendum d’initiative partagé en simplifiant les règles ». Les seuils pour l’activer seraient ainsi abaissés et l’initiative viendra d’abord des citoyens. Si 1 million d’entre eux (au lieu de 4,7 millions actuellement) soutient une proposition de mesure sous forme de pétition, elle arrivera sur le bureau des Assemblées qui devront s’en saisir. Si elles ne le font pas, la proposition sera soumise à référendum.

Le président a par ailleurs évoqué la mise en place d’une part significative de proportionnelle aux élections législatives – il a évoqué 20 % – et une limitation du nombre de mandats dans le temps. Des idées qui figuraient déjà dans le programme du candidat Macron en 2017, et dans la révision constitutionnelle engagée l’an dernier et qui sera présentée au Parlement « à l’été ».

  • Plus de fermetures « ni d’hôpitaux ni d’écoles » d’ici à 2022

Face aux inquiétudes émises lors du grand débat concernant l’accès aux services publics, Emmanuel Macron a annoncé qu’aucun hôpital, aucune école ne fermerait sans l’accord du maire de la commune d’ici à 2022.

  • Une réforme de l’administration à venir

Edouard Philippe présentera par ailleurs en mai « une profonde réforme de l’administration » destinée à déployer « plus de fonctionnaires sur le terrain » tout en supprimant des postes « en administration centrale ».

Déplorant qu’il n’y ait « plus assez de monde sur le terrain » pour « apporter des solutions », le chef de l’Etat a notamment annoncé la création dans « chaque canton », d’ici à « la fin du quinquennat », d’un « endroit où l’on puisse trouver une solution aux problèmes », baptisé « France services ».

Le président de la République a également annoncé sa volonté de « mettre fin aux grands corps de la fonction publique », car, a-t-il justifié, « nous avons besoin de filières d’excellence, nous n’avons plus besoin de protection à vie ». L’avocat Frédéric Thiriez, ex-président de la Ligue de football professionnel (LFP), sera mandaté pour réfléchir à cette transformation de la haute fonction publique.

  • Une baisse d’impôts « significative » pour les classes moyennes

Sur le plan social et économique, Emmanuel Macron a appelé à « travailler davantage » pour financer la baisse d’impôts, notamment celui sur le revenu, qu’il veut « baisser significativement » pour les classes moyennes. Des niches fiscales seront également supprimées pour les entreprises.

Il n’a cependant pas souhaité revenir sur la réforme de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), mais a admis le principe d’une évaluation et d’un éventuel réajustement de son mécanisme et de son assiette.

  • Ecole : des classes de 24 élèves maximum de la maternelle au CE1

Quant à l’éducation, M. Macron a assuré vouloir limiter à vingt-quatre le nombre d’élèves par classe en maternelle, CP (cours préparatoire) et CE1 (cours élémentaire 1re année). Il a aussi demandé au gouvernement d’« étendre le dédoublement des classes dans les quartiers défavorisés ». Ce dédoublement des classes de CP et de CE1 était entré en vigueur dans les écoles de l’éducation prioritaire (REP et REP+) en 2017.

M. Macron a enfin reconduit la prime exceptionnelle de 1 000 euros défiscalisée, avant de revenir sur la sous-indexation des retraites, près de huit mois après avoir provoqué la colère des retraités. « Au 1er janvier prochain, je souhaite que nous réindexions les retraites de moins de 2 000 euros et qu’il n’y ait plus de sous-indexation de quelque retraite que ce soit à partir de l’année 2021 », a-t-il assuré.

  • Une « convention citoyenne » face à l’urgence climatique

Pour répondre à l’urgence climatique, le président a annoncé vouloir créer dès le mois de juin une « convention citoyenne de deux cent cinquante personnes tirées au sort avec pour mission de travailler sur des mesures significatives pour la planète ».

  • Une garantie des paiements des pensions alimentaires

Pour sa quatrième grande orientation, le président a dit vouloir « retrouver les permanences du projet français ». Il a notamment annoncé un mécanisme de garantie des paiements des pensions alimentaires non honorées. « Les caisses d’allocations familiales (CAF) auront des prérogatives pour prélever les pensions alimentaires non payées », a-t-il promis.

M. Macron a par ailleurs évoqué la question de la laïcité, estimant que la loi de 1905 devait « être renforcée et appliquée », notamment en durcissant le contrôle sur le financement religieux venant de l’étranger.

Le président a enfin abordé très brièvement la politique migratoire du gouvernement. « Nous devons profondément refonder notre politique migratoire, a-t-il lancé face à la presse. L’Europe doit repenser sa coopération avec l’Afrique pour limiter la migration subie et doit renforcer ses frontières, quitte à avoir un espace Schengen avec moins de pays. (…) Je crois très profondément à l’asile, mais nous devons renforcer la lutte contre ceux qui en abusent. »

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