Le gardien rennais Tomas Koubek, après la séance de tirs au but, samedi 27 avril à Saint-Denis. / MARTIN BUREAU / AFP

Comment dit-on « remontada » en breton ? Samedi 27 avril, en finale de la Coupe de France, les footballeurs du Stade rennais ont fait mieux que remonter un retard de deux buts face au Paris-Saint-Germain. Ils ont aussi remonté le temps et remporté leur premier titre depuis 1971, date d’une précédente victoire en coupe nationale, à l’époque de la télévision en noir et blanc (abstraction faite d’un championnat de deuxième division, en 1983).

Il aura fallu attendre longtemps. Le plus longtemps possible, si l’on s’en tient au déroulé du match : 2-2 à la fin du temps réglementaire ; toujours le même score à l’issue d’une prolongation d’une demi-heure ; puis 6 tirs au but à 5, après un manqué du jeune Christopher Nkunku, nouvel entrant parisien qui avait à peine effleuré le ballon jusque-là.

Des générations et des générations les attendaient, ces scènes de liesse. Ces courses folles sur le terrain, la victoire à peine consommée. Ces scènes de joie autour de Tomas Koubek (1,98 m), qui perpétue avec bonheur l’histoire des gardiens tchèques à Rennes, après Petr Cech (1,97 m). Ce trophée, enfin, devant des dizaines de milliers de supporteurs bretons et autant d’écharpes tendues dans le ciel de Saint-Denis.

Perdre une finale, Rennes sait ce que cela fait. Le club l’avait déjà vécu deux fois en cinq ans face au même adversaire, contre les voisins de Guingamp (2009 et 2014). Alors, face au PSG, les Rennais ont d’abord cru à une nouvelle grimace : déjà 2-0 pour les Parisiens au bout de 21 minutes, sur des buts des Brésiliens Dani Alves (superbe reprise de volée aux 18 mètres) et Neymar (un lob inspiré), de retour de blessure.

Ben Arfa et « la famille Pinault »

Le destin a changé de côté en fin de première période : le Parisien Kimpembe veut dégager un centre adverse et marque contre son camp. Après l’heure de jeu (66e minute), l’égalisation vient ensuite directement d’un joueur rennais : le défenseur Mexer, de la tête, sur corner.

Clément Grenier et ses coéquipiers peuvent d’autant plus apprécier la victoire. « On est allés la chercher, on a eu du mental », biche le milieu de terrain, après le match, au micro de France 2. On voulait faire un grand match, dans l’intensité, sans avoir de regrets, et on a donné le maximum. »

Cette saison, le Stade rennais aura aussi fait vibrer son public en Coupe d’Europe. Jusqu’à une élimination en huitième de finale de Ligue Europa, en mars, chez les Anglais d’Arsenal. Avec ce titre en Coupe de France, le club breton s’assure une nouvelle qualification européenne pour la saison prochaine, malgré une triste 11e place en championnat de France.

« On a beaucoup travaillé cette saison et je suis content pour la famille Pinault », ajoute un autre milieu heureux, Hatem Ben Arfa, au sujet de son employeur. Les Pinault, troisième fortune de France, possèdent le Stade rennais depuis 1998 ; un mécène aux investissements aléatoires, le transfert aussi discutable qu’onéreux de Severino Lucas (en 2000, contre 21 millions d’euros, plus grosse somme dans l’histoire du club) en étant un bon exemple.

Ben Arfa a une autre satisfaction : cette victoire, il l’a donc obtenue contre le PSG, le club qui l’avait mis à l’écart lorsqu’il s’y trouvait encore. « Bien sûr, c’est particulier, surtout par rapport au président Nasser [le président du PSG]. Dans la vie, il ne faut jamais sous-estimer un adversaire. Un jour ou l’autre, il revient plus fort. »

Une maxime que méditera peut-être le PSG : à l’inverse des Rennais, les Parisiens vivent une saison à oublier d’urgence. Avec seulement deux titres (championnat de France et Coupe de la Ligue), éliminé dès les 8e de finale de Ligue des champions, battu en finale de Coupe de France, le club parisien vit sa « pire » saison depuis l’exercice 2012-2013.