Partisan de longue date de la proportionnelle, François Bayrou a salué dimanche l’annonce d’Emmanuel Macron, qui a indiqué jeudi 25 avril vouloir l’introduire partiellement dans l’élection des députés à l’avenir. Mais le président du MoDem a aussi ouvert un débat quelque peu technique sur les modalités d’application de la mesure, qui ont une importance primordiale selon lui.

Jeudi, lors de sa conférence de presse, le chef de l’Etat s’est dit favorable à l’introduction d’une dose de 20 % de proportionnelle à l’Assemblée. Concrètement, cela voudrait dire qu’un député sur cinq serait élu suivant ce système à l’avenir, soit presque autant que ce que demandait François Bayrou jusqu’ici (au moins 25 %).

« Deux manières » d’attribuer les sièges

Reste à savoir quelles seront les modalités du nouveau mode de scrutin, a expliqué l’ancien ministre sur BFMTV dimanche 28 avril. « Les 20 % des sièges, ça dépend comment on les attribue, et il y a deux manières de les attribuer », a ainsi estimé le président du MoDem.

La première, selon lui, est de mettre ces 20 % de sièges dans un « pot commun dans lequel tout le monde pioche : les vainqueurs, les majoritaires comme les minoritaires, auquel cas ça permet de représenter, mais ça ne change pas tout », a-t-il d’abord exposé, en se montrant défavorable à un tel système dit « additif ». Avec une telle formule, les partis minoritaires ne peuvent espérer grappiller que quelques députés supplémentaires, ce qui a son importance, mais ne modifie qu’à la marge les équilibres de l’Assemblée.

L’autre option, que privilégierait François Bayrou, est à la fois plus complexe et plus radicale : elle consiste en un système « à l’allemande », où « les 20 % de sièges sont là pour corriger les défauts du majoritaire, et à ce moment-là, avec 20 % de sièges, vous arrivez à une proportionnelle presque idéale […] Donc toute la partie de la discussion qui va maintenant s’ouvrir, c’est l’attribution des 20 % », conclut l’ancien candidat à la présidentielle.

Le système électoral allemand, où la part de proportionnelle est appelée « compensatoire », par opposition aux systèmes « additifs », dote chaque électeur de deux voix : l’une pour élire directement un candidat dans sa circonscription, et l’autre pour un parti. Les sièges attribués à la proportionnelle sont alors attribués en priorité aux formations politiques désavantagées par le mode de scrutin uninominal majoritaire. Ce système, complexe, aboutit régulièrement à la formation de coalition entre différents partis, préalable à l’obtention d’une majorité absolue.