Les locaux de France Télévisions, à Paris, en septembre 2017. / LUDOVIC MARIN / AFP

Le revers est de taille pour Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions. Le projet de rupture conventionnelle collective qu’elle avait dévoilé fin 2018 au nom de la « recomposition des effectifs nécessaires à la transformation » ne sera pas signé par la majorité des organisations syndicales du groupe audiovisuel public, mardi 30 avril. L’objectif était d’aboutir à 900 suppressions nettes de postes d’ici à 2022, en prévoyant 2 000 départs sur la base du volontariat et 1 100 embauches de profils plus jeunes et plus adaptés à la révolution numérique.

Dans un contexte où le groupe public, avec ses 9 600 employés à temps plein, dont 8 400 permanents, doit gérer à la fois la concurrence des plates-formes américaines comme Netflix et les économies imposées par l’autorité de tutelle – entre 350 millions et 400 millions d’euros d’ici à 2022 –, ce projet devait lui permettre de trouver des marges de manœuvre.

Il faut au moins 50 % des suffrages exprimés

Cette procédure, créée par les ordonnances Macron qui ont réformé le Code du travail en 2017, permet à une entreprise de négocier des plans de départs volontaires sans justifier de difficultés économiques. Même si la CGT, premier syndicat avec 40,6 % des voix, s’était très vite retirée des discussions, la direction misait sur les autres organisations (CFDT, FO et SNJ), qui représentent, respectivement, 23,5 %, 19,6 % et 15,9 %. Pour pouvoir signer un tel texte, il faut en effet obtenir l’accord d’organisations ayant recueilli au moins 50 % des suffrages exprimés ou de le faire valider par référendum s’il est été approuvé par des syndicats représentant au moins 30 % des suffrages exprimés.

Cependant, vendredi 26 avril, jour prévu de la signature, le SNJ faisait connaître son refus. « Nous avons consulté nos adhérents, qui ont rejeté le texte que nous avions négocié », a expliqué Serge Cimino, délégué SNJ. Dans le même temps, la direction annonçait reporter de quatre jours, à mardi, la signature du texte. Il restait en effet la possibilité de le faire valider par référendum auprès des salariés, s’il avait été signé par la CFDT et FO, qui représentent au moins 30 % des suffrages exprimés.

Cependant, lundi 29 avril, FO a finalement fait savoir, par la voix de son secrétaire général, Eric Vial, qu’il ne signerait pas non plus. Dans un premier temps, le syndicat avait pourtant indiqué sa volonté de le faire après avoir réalisé un sondage auprès de l’ensemble des salariés de France Télévisions, qui s’était conclu, fin mars, par une majorité (sur 4 226 suffrages exprimés) en faveur du texte. La direction de France Télévisions n’a pas souhaité s’exprimer.