Le footballeur Andy Delort lors d’un match contre Guingamp, le 3 avril 2019, à Montpellier. / SYLVAIN THOMAS / AFP

Jouer en Algérie… A l’autre bout du fil, Andy Delort, 27 ans, se montre enthousiaste. L’attaquant français, qui réalise à Montpellier la meilleure saison de sa carrière (treize buts, sept passes décisives) avec une équipe candidate à une qualification en Ligue Europa, a la tête ailleurs : il vient de faire « les démarches pour avoir la nationalité algérienne ». Né à Sète, Andy Delort n’a jamais été appelé en équipe de France mais compte une sélection avec les moins de 20 ans, en 2011.

« Ma démarche est personnelle et familiale. J’ai souhaité en savoir davantage sur mes grands-parents et mes arrière-grands-parents [maternels] », explique le joueur au Monde Afrique. A sa demande, un de ses plus proches amis s’est rendu en Algérie, plus précisément dans la wilaya de Mostaganem. « Il a pu récupérer les extraits de naissance. Je suis né d’une mère française dont les parents sont originaires d’Oued Rhiou, à une heure de Mostaganem », détaille le jeune homme.

Le footballeur sera bientôt détenteur d’un passeport algérien, ce qui lui donnera la possibilité de jouer pour les Fennecs. Depuis qu’il l’a officiellement annoncé, il reçoit de nombreux messages de supporteurs algériens, via les réseaux sociaux. « Mes amis algériens sont très heureux à l’idée que je puisse jouer pour le pays. Je connais la ferveur, la passion pour le football en Algérie. » A ce jour, Andy Delort n’a pas eu de contact avec la Fédération algérienne de football (FAF) ou avec le sélectionneur Djamel Belmadi. Mais l’adjoint de celui-ci, Serge Romano, connaît bien le joueur pour l’avoir côtoyé à Toulouse en 2017.

Manque de solutions offensives

Ses ambitions ne sont évidemment pas passées inaperçues à Alger. « J’ai appris qu’Andy Delort a fait les démarches pour obtenir la nationalité algérienne et donc postuler pour les Fennecs. Lorsqu’un joueur qui a des origines algériennes déclare qu’il veut défendre nos couleurs, c’est toujours quelque chose de positif, car il manifeste de l’intérêt pour l’Algérie », explique Kheïreddine Zetchi, le président de la FAF, précisant que « le choix appartiendra seulement à Djamel Belmadi ». 

L’éventualité de voir Andy Delort porter le maillot de l’Algérie lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN 2019), du 21 juin au 19 juillet en Egypte, existe donc, même si l’intéressé préfère rester prudent : « La CAN est très proche, dans moins de deux mois. C’est le sélectionneur qui décidera. »

Djamel Belmadi ne pourra pas faire l’économie d’une réflexion sur la disponibilité d’un attaquant très motivé, car le coach des Fennecs ne croule pas sous les solutions offensives. Lors des deux derniers matchs disputés en mars contre la Gambie (1-1) et la Tunisie (1-0), il avait retenu, outre Baghdad Bounedjah, qui enchaîne les buts au Qatar avec le club d’Al-Sadd, deux joueurs, Zakaria Naidji et Oussama Darfalou, qui ne comptent qu’une sélection.

Pour l’ancien international algérien Nordine Kourichi, sélectionneur adjoint des Fennecs de 2011 à 2014, appeler rapidement Andy Delort serait un geste fort de Belmadi. « C’est un joueur expérimenté qui peut apporter une vraie plus-value dans un secteur offensif qui a perdu de sa puissance », explique-t-il, faisant référence à deux anciens cadres de l’équipe, Islam Slimani et El Arabi Hilal Soudani, qui n’ont plus été convoqués depuis l’automne. « Delort est sélectionnable, je suis favorable à ce qu’on lui ouvre la porte », conclut Nordine Kourichi. Djamel Belmadi devrait bientôt s’exprimer sur le sujet.