LA LISTE DE LA MATINALE

Joshua Edoze dans le rôle d’Amare, scène de l'épisode 5 de la série « Eden ». / PIMARSAUT / PIERRE MEURSAUT

Belle semaine en perspective du côté des séries, avec deux réussites, l’une légère (Bonding sur Netflix), l’autre nettement plus grave (Eden sur Arte), et l’arrivée sur NRJ12 de Young Sheldon, la préquelle de The Big Bang Theory.

« Bonding », coup de cœur et coups de fouet

« Bonding », en anglais c’est « créer des liens », mais le mot évoque aussi l’art du bondage SM. L’un n’empêchant pas l’autre, comme on le verra dans cette attachante et surprenante série qui parvient, en sept épisodes courts (environ quinze minutes), à mettre dans un même panier psychothérapie, sadomasochisme et comédie de stand-up.

C’est ce à quoi est parvenu Rightor Doyle, en s’inspirant de sa propre expérience, à travers l’histoire de Pete (Brendan Scannell), un jeune homosexuel timoré qui tente de percer dans le métier d’humoriste tout en arrondissant ses fins de mois en devenant l’assistant de sa meilleure amie, Tiff (Zoe Levin), étudiante en psychologie mais aussi l’une des dominatrices les plus recherchées de New York. Pete se trouve progressivement associé aux jeux tarifés de Tiff et découvre non seulement un monde mais aussi une partie de lui-même qu’il ne connaissait pas.

Le ton est subtil (la comédie parvient à être drôle sans jamais moquer des pratiques sexuelles qui pourraient faire rire ceux qui n’y sont pas sensibles) et le format court ne parait jamais imparfaitement habité – contrairement à la récente autre série de Netflix, Special, de et avec Ryan O’Connell, qui réussissait à créer des tunnels dans des épisodes de durée équivalente.

On regrettera juste que Bonding donne l’impression d’en dire un peu trop, et de le dire un peu trop vite, notamment dans le passage entre les épisodes 6 et 7 qui laisse le spectateur sur sa faim. Si c’est une manière de susciter l’attente d’une suite prochaine, c’est que, décidément, Rightor Doyle s’y connaît en matière de domination mentale... Renaud Machart

« Bonding », série créée par Rightor Doyle. Avec Zoe Levin, Brendan Scannell, Micah Stock, Stephanie Styles (Etats-Unis, 2019, 7 x 13-17 min.) Netflix à la demande.

BONDING Official Trailer (2019) Netflix, Comedy Series HD
Durée : 01:58

« Eden », en quête de paradis

La petite plage de l’île grecque de Chios, saturée de soleil, où un couple d’Allemands et leur ado, les Hennings, sont en villégiature a tout du paradis terrestre... Jusqu’à ce que, sur ce sable fin où ils se prélassent, accoste un canot pneumatique chargé de migrants.

Existe-t-il un eden pour eux ? Comment se le représentent-ils ? Ancrée dans la réalité, la mini-série Eden entrelace plusieurs récits entre Athènes, Mannheim, Paris et Bruxelles au fil de quelques semaines, croisant les problématiques de la traversée de l’Europe par un mineur sans papiers et de l’accueil des migrants sur notre continent. 

Son réalisateur Dominik Moll (auteur en 2000 de Harry un ami qui vous veut du bien) a notamment tourné dans le camp de migrants de Skaramagas, près d’Athènes, un « sas de longue durée », où les réfugiés sont envoyés une fois leur identité enregistrée et leur procédure d’asile lancée. Et le camp dirigé dans le film par Hélène (Sylvie Testud) qui se veut un modèle de partenariat public-privé, fait référence à des structures de ce type qui existent à la frontière turco-syrienne.

« Les héros contemporains, ce sont eux, les réfugiés qui bravent tous les dangers pour essayer de venir en Europe, dit Dominik Moll. C’est un sujet très peu traité alors qu’on en parle partout, tout le temps. Sans ignorer que nous ne ferions rien d’exhaustif, j’ai entrevu la possibilité de m’approcher de quelques aspects de la complexité du sujet. » Martine Delahaye

« Eden », série réalisée par Dominik Moll (France/Allemagne, 2018, 6 x 45 min). Jeudi 2 et 9 mai à 20 h 55 sur Arte et en ligne jusqu’au 2 juin sur Arte.tv.

Séries Mania : bande-annonce de la série "Eden" (Arte)
Durée : 00:55

« Young Sheldon », l’enfance d’un geek

Après Canal+ (qui diffuse la saison 2), NRJ12 présente à son tour la première saison de Young Sheldon, de Chuck Lorre et Bill Prady. Ce « jeune Sheldon » est un personnage que les amateurs de The Big Bang Theory, également créée par Lorre et Prady, connaissent bien : Sheldon Cooper, chercheur en physique, dont les aventures bon enfant passionnent ses aficionados depuis douze saisons (la douzième sera la dernière).

Le voilà présenté, sous le mode d’une préquelle, en sa jeunesse de surdoué capable d’entendre en quelle tonalité joue une pianiste et de démontrer au pasteur de la paroisse familiale que ses affirmations bibliques ne reposent sur aucune réalité scientifique. Son QI exceptionnel le propulse dans une classe fréquentée par des élèves beaucoup plus âgés que lui, qui le dépassent de plusieurs têtes – mais Sheldon n’a aucun mal à les coiffer au poteau.

Avec la figure des parents, bonnes pâtes et un peu dépassés par leur jeune surdoué, les auteurs ont constitué une galerie familiale attachante, comme on en trouve dans des dizaines de sitcoms nord-américaines, avec des répliques amusantes – mais, heureusement, sans les rires enregistrés de rigueur.

Jim Parsons, l’acteur incarnant Sheldon adulte, assure le commentaire en voix off de Young Sheldon, joué par l’irrésistible jeune acteur Iain Armitage. R. Ma.

« Young Sheldon » (saison 1), série créée par Chuck Lorre et Bill Prady. Avec Iain Armitage, Zoe Perry, Lance Barber, Montana Jordan, Raegan Revord, Annie Potts (Etats-Unis, 2017, 13 x 30 min.) Samedi 4 mai à 21 heures sur NRJ12 et à la demande sur NRJPlay.

Young Sheldon Bande Annonce Saison 1 (VOSTFR)
Durée : 00:30