C’est presque par hasard que Bernard Laporte a annoncé l’information principale du mois : oui, il a bien « nommé Fabien Galthié » pour futur successeur de Brunel, ce qu’il a fait savoir dans un entretien publié par le site du Berry républicain, dimanche 28 avril. / Action Images / Action Images

Il y a d’abord la bizarrerie du calendrier. Le XV de France connaît dès à présent le nom du sélectionneur qui prendra la relève de Jacques Brunel après la Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre), compétition qu’il reste pourtant encore à disputer. Mais il y a aussi et surtout l’étrangeté de la communication, le sentiment que la Fédération française de rugby (FFR) a perdu toute maîtrise sur ses annonces. Voire sur leur canal d’expression.

Les nouvelles tombent au cas par cas, parfois au détour d’une question de journaliste. C’est presque par hasard, l’air de rien, que Bernard Laporte a annoncé l’information principale du mois : oui, il a bien « nommé Fabien Galthié » pour futur successeur de Brunel. Le président de la FFR l’a dit dans un entretien publié par le site du quotidien régional Le Berry républicain, dimanche 28 avril, au lendemain d’un déplacement à Sancerre (Cher).

« Le contrat n’est pas signé mais il le sera prochainement, a toutefois éludé Bernard Laporte sur Canal+, plus tard dans la journée de dimanche, comme s’il regrettait l’écho de ses déclarations antérieures. J’ai vu partout que j’avais officialisé son arrivée, mais pas du tout. »

Selon un article de L’Equipe mis en ligne presque deux semaines plus tôt, le 16 avril, Fabien Galthié (sans club) rejoindra dès le mois de juin l’encadrement du XV de France comme adjoint de Brunel. Puis il lui succédera à l’issue du Mondial japonais, avec la lourde charge de reprendre une équipe en crise : sept défaites sur ses dix derniers matchs. Le mandat de l’ancien demi de mêlée international (1991-2003) devrait le conduire jusqu’en 2023, date la Coupe du monde suivante, en France.

Précipitation

Au lendemain de l’article, un communiqué fédéral se contentait d’évoquer des « suppositions ». La FFR s’engageait aussi à préciser « sous quinze jours » l’encadrement de l’équipe nationale lors du tournoi au Japon. Depuis, toujours aucune précision, en date du mardi 30 avril au matin.

Cette absence d’officialisation trahit une certaine précipitation. Il y a encore quelques semaines, Bernard Laporte songeait plutôt aux Néo-Zélandais Joe Schmidt ou Warren Gatland pour remplacer Jacques Brunel, qu’il avait lui-même choisi après avoir limogé Guy Novès, en décembre 2017. Puis, entre les 9 et 11 avril, un référendum l’en a dissuadé : 59 % de voix défavorables à l’idée d’« un sélectionneur étranger », au terme d’un scrutin qui a mobilisé à peine plus de la moitié de tous les clubs français, amateurs comme professionnels.

D’autres hommes accompagneront Fabien Galthié (champion de France en 2007 avec le Stade français, finaliste en 2011 avec Montpellier) dans son mandat de sélectionneur. Là encore, toujours aucun communiqué officiel. Le 26 avril, Raphaël Ibanez annonçait à l’Agence France-Presse avoir déjà accepté le rôle de manageur du XV de France, sur proposition de Bernard Laporte. « Je ne ferai pas de commentaire particulier dans les prochains jours à ce sujet », ajoutait l’ancien talonneur, confirmant une information du quotidien Sud-Ouest.

Galthié et Ibanez, 50 ans pour l’un, 46 pour l’autre, ont plusieurs points communs. Joueurs, tous deux ont été capitaine du XV de France et ont eu Bernard Laporte pour sélectionneur. Entraîneurs, tous deux ont déjà postulé pour le XV de France, en 2015. Autre similitude : leur reconversion comme consultants pour la télévision, rôle qu’ils occupaient encore en février et mars, lors du récent Tournoi des six nations.

Arrivées de Laurent Labit et Karim Ghezal

Il y a bien eu, ces derniers jours, un communiqué portant nomination. Mais celui-ci vient d’un club du championnat de France, le Racing 92, qui a annoncé le départ de Laurent Labit « pour rejoindre l’équipe de France de rugby ». En principe comme entraîneur chargé des arrières, même s’il doit encore signer son prochain contrat, précise le communiqué du 29 avril.

La veille, Bernard Laporte actait déjà ce renfort lors d’une autre interview, pour la radio RMC Sport. Il en profitait aussi pour considérer comme « une certitude » la venue de Karim Ghezal, spécialiste de la touche (et des avants) à Lyon. Le dirigeant citait aussi William Servat, entraîneur des avants à Toulouse, actuellement en tête du championnat de France (« je crois que oui, William fera partie du staff »). Tout comme il reconnaissait son envie d’enrôler Shaun Edwards (« On aimerait beaucoup ») dans le secteur spécifique de la défense, sur le modèle de ce que l’Anglais a déjà réussi avec les Gallois.

Pas un mot, en revanche, sur le préparateur physique Thibault Giroud, qui devrait pourtant arriver dès le mois de juin, avant même le Mondial au Japon. En conférence de presse, le 25 avril, le président Mourad Boudjellal regrettait déjà cette perte à venir pour le Rugby club toulonnais. Un club que Bernard Laporte et Fabien Galthié ont entraîné. Avec bonheur pour le premier : trois Coupes d’Europe et un titre national (2013-2015). Un peu moins pour le second : licenciement en 2018, après une seule petite saison.