Un assemblage de différents placements diminue très sensiblement le niveau de perte possible et ne nuit donc pas, à long terme, à la performance. / Wes Thompson/Corbis / Photononstop

Vive la diversification ! S’il fallait résumer les principales théories financières sur ­l’efficience des investissements, ces trois mots suffiraient. « Il en existe assez peu dans ce domaine, note Daniel Haguet, professeur de finance à l’Edhec. La principale est celle d’Harry Markowitz, la Théorie moderne du portefeuille, qui pourrait se résumer à ce que tout le monde sait déjà : on ne met pas tous ses œufs dans le même ­panier. »

Markowitz, Prix Nobel d’économie en 1990, a démontré, pour résumer, que les risques qu’encourt un portefeuille étaient multipliés lorsqu’il est composé de titres évoluant tous dans la même direction, par exemple, les actions des grandes sociétés françaises, et au contraire réduits lorsque l’on assemble des titres évoluant différemment, en général des actions internationales, des obligations et du monétaire.

Cet assemblage diminue très sensiblement le niveau de perte possible et ne nuit donc pas, à long terme, à la performance. C’est ce que recherchent la majorité des investisseurs et épargnants.

Reste à évaluer les bonnes proportions pour tous ces ingrédients, et là, difficile de s’appuyer sur des travaux académiques.

« Il existe une “règle” indiquant qu’un individu ­devrait détenir dans son patrimoine 100 % d’actions, moins son âge. Une personne de 40 ans, par exemple, aurait besoin de 60 % d’actions, puis ce pourcentage ­diminuerait régulièrement », poursuit M. Haguet, en ­indiquant que ce principe est mis en œuvre dans les mécanismes de gestion par horizon. « Le succès n’est pas pour autant garanti, car des crises et des krachs viennent régulièrement briser ces démonstrations ­d’“efficience” », précise-t-il.

L’importance de détenir des actions en Bourse, elle, n’est pas remise en cause. « Si on veut que l’épargne conserve son pouvoir d’achat, il faut coller à la croissance mondiale, mais ce sont les entreprises qui apportent la valeur ajoutée, donc les ­actions », analyse François de Saint-Pierre, associé ­gérant chez Lazard Frères Gestion. C’est risqué, ­reconnaît-il, car les cours peuvent varier fortement, mais aussi parce que des entreprises détruisent de la ­richesse et d’autres en créent. »

« Pour bien placer son argent, il faut bien connaître les projets que l’on veut financer et prévoir la durée d’immobilisation » Guillaume Piard, fondateur de la « fintech » Nalo

Le succès d’un investissement boursier passe donc par celles de la deuxième catégorie et, là encore, la diversification est un impératif pour ne pas tout miser sur le mauvais ­cheval. Se désolant que « la France soit restée à l’âge de pierre concernant l’investissement », Guillaume Piard, fondateur de la « fintech » Nalo, rappelle une règle de base : « Pour bien placer son argent, il faut bien connaître les projets que l’on veut financer et prévoir la durée d’immobilisation. Ainsi, pour chacun d’eux, il est possible de déterminer la meilleure allocation d’actifs»

Cette habitude est encore trop peu répandue dans l’Hexagone, où les professionnels se contentent souvent de juger le « profil » d’un client sans trop chercher à définir les différents projets envisagés et la durée prévue pour les mener à bien.

« L’investissement immobilier n’échappe pas aux règles de la diversification, met en garde Pierre Schoeffler, conseiller à l’Institut de l’épargne immobilière et foncière. Le marché a une forte probabilité de bien se comporter pendant une vingtaine d’années, puis de perdre jusqu’à 50 % de sa valeur tous les vingt ans. » Pour réduire les risques, il recommande donc d’investir dans des instruments collectifs diversifiés, « ce qui permet également d’échapper aux biais comportementaux qui faussent la prise de décision », ajoute-t-il. Un avertissement aux nombreux épargnants qui ne jurent que par l’immobilier et sa solidité apparente.