ARTE
MERCREDI 1er MAI
22 H 40
DOCUMENTAIRE

Le Bauhaus était un lieu de création et d’apprentissage pluridisciplinaire où professeurs et étudiants partageaient un même esprit communautaire. Onze ateliers (menuiserie, imprimerie, tissage, métal, design, mode, photographie, architecture, etc.) rythmaient la vie entre ses murs. Né en Allemagne en 1919 dans la très conservatrice République de Weimar, l’établissement s’installe ensuite à Dessau, de 1925 à 1932, avant qu’une résolution des nazis ne demande sa dissolution. Malgré sa brève existence, il est resté une source d’inspiration durable pour les créateurs du monde entier. Mercredi, Arte fait souffler son esprit centenaire.

Cette école sans équivalent devait, selon le vœu de son fondateur, l’architecte Walter Gropius, réaliser « l’union du beau et de la raison », soit de la création et de l’industrie. Littéralement « maison de la construction », le Bauhaus était « une école ouverte aux utopistes, aux inventeurs et aux fantaisistes », résument Thomas Tielsch et Niels Bolbrinker, auteurs du documentaire en deux parties, L’Esprit Bauhaus, coproduit par ARTE/ZDF et Filmtank. L’apparente légèreté de la formule cache un ambitieux programme : non pas seulement façonner l’environnement, mais changer le monde.

Une utopie fondatrice

Des artistes d’avant-garde rejoignent l’aventure : Vassily Kandinsky, Paul Klee ou encore Oskar Schlemmer, ce dernier concevant de spectaculaires chorégraphies où l’espace est soumis à la mesure de la géométrie des corps. Cette utopie concrète et fondatrice, veulent croire Thomas Tielsch et Niels Bolbrinker, continue d’apporter des réponses aux défis urbains et architecturaux. Ils ne se contentent pas de faire parler ceux qui, outre-Rhin, rappellent combien l’architecture de l’école elle-même lui permettait de fonctionner comme une machine, comme une œuvre d’art total architectonique, tel un prototype à taille humaine. Car le Bauhaus a aussi essaimé.

Deux exemples dominent où furent impliqués d’anciens professeurs : le Black Mountain College aux Etats-Unis, animé à partir de 1937 par Josef et Anni Albers, et l’Ecole supérieure de design d’Ulm, créée en 1954 par Max Bill. Si Tel Aviv, portée également par d’anciens membres de l’école, est devenue l’un des grands conservatoires de l’architecture moderne, on reste moins convaincu par d’autres témoignages. En dépit de leurs qualités, on peine à voir le lien entre des projets menés par un groupe d’architectes suisses dans des favelas sud-américaines et la philosophie particulière du Bauhaus. Sauf à considérer qu’elle est, après tout, partout.

L’Esprit Bauhaus, réalisé par Thomas Tielsch et Niels Bolbrinker (1/2 et 2/2, All., 2018, 2 x 55 min).