Dans un bureau de vote à Cotonou, au Bénin, lors des élections législatives du 28 avril 2019. / YANICK FOLLY / AFP

La Commission électorale nationale autonome (CENA) du Bénin a annoncé, dans la nuit du mardi 30 avril au mercredi 1er mai, les résultats préliminaires des élections législatives du 28 avril, marquées par un taux de participation de 22,99 %, le plus bas de l’histoire du pays.

« Le dépouillement a été réalisé à 86 % et le nombre d’inscrits au plan national est de 4 992 399 électeurs. Les suffrages valablement exprimés s’élèvent à 1 147 625 voix, ce qui donne un taux de participation de 22,99 % », a déclaré le président de la CENA, Emmanuel Tiando, au siège de l’institution. M. Tiando a rappelé que son institution « ne donne que les grandes tendances du scrutin » et qu’il revient « à la Cour constitutionnelle de proclamer les résultats définitifs et de gérer le contentieux ».

Deux partis proches du pouvoir s’affrontaient, le Bloc républicain et l’Union progressiste. L’opposition n’avait pas été autorisée à participer à ces élections pour des raisons administratives. En signe de protestation, les leaders de l’opposition avaient appelé au boycott du scrutin, largement suivi dans le pays. Le taux de participation à des élections n’était jamais descendu sous la barre des 50 % depuis que le Bénin est entré en démocratie, en 1990.

Tournant autoritaire

Les deux partis qui ont participé à l’élection se partageront donc les 83 sièges du nouveau Parlement. L’Union progressiste, selon les tendances publiées, totalise 645 214 voix pour 47 sièges probables, et le Bloc républicain 502 411 voix pour 36 sièges probables.

« Dans 39 arrondissements [sur les 546 que compte le pays], le vote n’a pas pu se tenir en raison de certains incidents », a aussi indiqué M. Tiando. La plateforme d’observation de la société civile a fait état de deux morts lors du vote, sur un total de 206 incidents, dont des destructions de matériel électoral et des accrochages entre militants des partis, populations et forces de sécurité publique.

Le Bénin connaît un « grave recul » de son modèle démocratique, ont déploré plusieurs observateurs et des ONG internationales ou locales de surveillance des droits humains, qui ont critiqué l’exclusion inédite de l’opposition. Les anciens chefs d’Etat ont appelé à plusieurs reprises le président Patrice Talon, accusé d’engager le Bénin dans un tournant autoritaire, à annuler le vote, ce qu’il s’est toujours refusé à faire.