Sur l’île d’Ibo, au large du Mozambique, le 1er mai 2019. / EMIDIO JOZINE / AFP

Vue du ciel, l’île touristique d’Ibo, dans l’archipel des Quirimbas, au nord-est du Mozambique, n’est plus qu’une longue succession de maisons détruites et de terres agricoles gorgées d’eau. Après le passage destructeur du cyclone Kenneth, il y a six jours, l’ampleur de la catastrophe commence à se révéler. Kenneth est considéré comme l’un des cyclones les plus puissants ayant frappé le continent africain. En première ligne, les îles d’Ibo et de Quissenga ont subi d’énormes dégâts. Près de 90 % des habitations y ont été détruites, selon l’ONU.

Le passage du cyclone a traumatisé les habitants, comme Armando Watelo, 50 ans, qui se souvient que « cette journée était terrible à vivre ». « On ne pouvait pas imaginer que cela serait si puissant. Certaines personnes sont restées dans leurs maisons, d’autres sont parties au fort pour se protéger, d’autres encore sont parties à la recherche d’endroits sûrs », raconte cet insulaire qui a colmaté le toit de sa maison et les dégâts sur les murs.

Sept mille personnes se sont retrouvées bloquées dans une situation désespérée jusqu’à l’arrivée des hélicoptères du Programme alimentaire mondial (PAM), mercredi 1er mai. L’ONU avait qualifié d’« incroyablement difficile » le défi d’atteindre des régions comme Ibo après le passage du cyclone. L’île ne peut être atteinte qu’en avion ou en bateau, et la traversée maritime s’avère parfois périlleuse.

Sable doré et verdure luxuriante

Mercredi, des habitants s’affairaient à tenter de réparer leurs toits endommagés, tandis que d’autres restaient tranquillement assis en attendant des distributions de biscuits hypocaloriques livrés en 4x4. « Ceux qui n’ont pas tout perdu sont chanceux, car personne ne s’est échappé » de l’île, déclare un chauffeur de taxi-moto à l’AFP. « Tout s’est effondré dans notre maison, nous vivons maintenant dans celle d’un voisin pendant que nous essayons de reconstruire la nôtre », confie Abdala Moto, dont la famille élargie compte seize personnes.

Miquidade, 27 ans, venait tout juste d’achever la construction de sa nouvelle maison, peinte en bleu. « Je suis désespérée parce que je ne sais pas si je vais en avoir une autre », dit-elle devant son domicile en ruine, où le toit est suspendu. Une guérisseuse traditionnelle, Atija Alida, 50 ans, dit avoir « tout perdu » avec son mari, Momade Chabane, ses trois filles et son fils : « Je crains que personne ne vienne aider la famille, mais nous allons reconstruire. »

Le cyclone Kenneth a causé la mort de 41 personnes et détruit des milliers de maisons dans le nord du Mozambique, l’île d’Ibo ayant été particulièrement touchée. L’endroit était présenté comme « la destination de vacances magique unique et ultime du Mozambique » et proposait des lodges de luxe aux touristes et aux jeunes mariés. Avant la tempête, l’île était considérée comme un paradis de sable doré, de récifs coralliens préservés et de verdure luxuriante. Aujourd’hui, des arbres déracinés jonchent le sol, de larges étendues de verdure ont été inondées et la mer, agitée, est d’une couleur grise.