C’est un plancher historique. A 3,6 % en avril, le taux de chômage aux Etats-Unis est au plus bas depuis près d’un demi-siècle, atteignant presque celui de décembre 1969 (3,5 %). Ce faible taux reflète des créations d’emplois solides dans plusieurs secteurs, allant des services professionnels aux entreprises du bâtiment en passant par la santé ou l’assistance sociale.

Le département du travail américain a annoncé vendredi 3 mai que le taux de sans-emploi avait perdu 0,2 point de pourcentage par rapport au mois de mars et que 263 000 nouveaux emplois avaient été créés alors que les analystes s’attendaient à un chiffre bien inférieur et à un taux de chômage stable, à 3,8 %.

Le président des Etats-Unis, Donald Trump, n’a pas manqué de s’en féliciter à sa manière, dans un tweet.

« Emplois, emplois, emplois ! »

En octobre 2018, M. Trump avait déjà salué de la même manière une performance similaire. Le taux de chômage était alors à 3,7 %.

Cette vigueur du marché de l’emploi américain va conforter la banque centrale (Fed) dans son attitude de prudence monétaire, voire de résistance vis-à-vis de la Maison Blanche, qui a réclamé que l’institution, pourtant indépendante, baisse les taux d’intérêt pour doper l’économie. A ce stade, celle-ci ne semble pas, en effet, avoir besoin d’un coup de pouce monétaire, la croissance du premier trimestre ayant grimpé à 3,2 % en rythme annuel.

Hausse régulière des salaires

Comme l’a affirmé mercredi le président de la Fed, Jerome Powell, à l’issue d’une réunion monétaire qui a laissé les taux inchangés : « Il n’y a pas de raison impérieuse d’aller dans un sens ou dans un autre. »

Bémol à ce tableau positif : un léger recul pour le deuxième mois d’affilée du taux de participation au marché du travail, qui est passé de 63 % en mars à 62,8 % en avril. Cela représente près de 500 000 personnes de moins sur le marché du travail. Le nombre de chômeurs a fléchi de 387 000 pour atteindre 5,8 millions, tandis que les travailleurs ne trouvant qu’un emploi à temps partiel restent nombreux, environ 4,7 millions.

Les salaires poursuivent par ailleurs leur hausse régulière, la rémunération horaire moyenne ayant augmenté de 6 cents, ce qui installe la hausse sur un an à 3,2 %. C’est significativement au-dessus de l’inflation, celle-ci s’étant inscrite à 1,5 % en mars sur an, selon l’indice PCE. Le ministère a légèrement révisé en baisse les créations d’emplois pour mars qui s’établissent finalement à 189 000, contre 196 000 estimées initialement.

Ralentissement prévu

Le taux de chômage est un peu plus élevé chez les hommes (3,4 %) que chez les femmes (3,1 %). Et alors que celui des Blancs est tombé à 3,1 %, celui des Noirs est resté à 6,7 %, soit plus du double.

Michael Pearce de Capital Economics s’attend toutefois – comme la Fed et le FMI, mais à l’opposé des prévisions de la Maison Blanche – à ce que la croissance de la première économie mondiale ralentisse sur le reste de l’année, de même que les créations d’emplois. « C’est un bon rapport sur l’emploi, mais les embauches ne peuvent continuer à ce rythme », a pour sa part tempéré Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics. Sur cette lancée, le taux de chômage devrait toutefois bientôt tomber à 3,5 %, assure Gregory Daco, d’Oxford Economics.

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