Paris, rue de Rivoli / Jacques Loic / Photononstop / Jacques Loic / Photononstop

Pour la quatrième année, Le Monde remettra les Prix de l’innovation urbaine Le Monde Cities, lors d’une cérémonie qui se déroulera le 28 juin à Ground Zero, à Paris. Cette nouvelle édition vise à récompenser des solutions concrètes au service du bien-vivre des habitants, de la justice sociale et de l’adaptation de la ville face au réchauffement climatique.

Les Prix récompenseront des innovations développées à l’initiative de municipalités, d’entreprises, de start-up comme d’associations, d’ONG, de fondations, de citoyens ou groupes de citoyens, dans cinq catégories : mobilité, énergie, habitat, urbanisme et participation citoyenne.

Voici, dans l’ordre alphabétique, les quatorze projets présentés par le comité de sélection* dans la catégorie « mobilité », tels que présentés par leurs initiateurs dans leurs dossiers de candidature.

Bestmile. Bestmile est la première flotte de navettes autonomes intégrée aux Transports publics fribourgeois (TPF), premier opérateur de transports publics du canton de Fribourg, en Suisse. Le projet est le résultat d’une collaboration des TPF avec Bestmile, plate-forme de conception, gestion et optimisation de véhicules autonomes, et Navya, constructeur de véhicules sans conducteur. Grâce à la plate-forme Bestmile, les navettes se connectent à l’horaire des bus en temps réel pour leur permettre de s’adapter aux aléas du service (par exemple, retards causés par des embouteillages), et ainsi rendre les trajets des navetteurs aussi fluides que possible.

Boîtier connecté. La mobilité repose désormais sur un écosystème formé d’une multitude d’acteurs, potentiellement concurrents mais également dépendants les uns des autres. Dans ce contexte, il est essentiel d’apporter des ressources ouvertes et utilisables par les entrepreneurs. Le partage des ressources facilite l’entrée de petits acteurs qui les utilisent pour prototyper et tester leurs idées. Il joue aussi un rôle collectif essentiel en amenant les acteurs à travailler ensemble. La Fabrique des mobilités s’est ainsi lancée dans le développement d’une base technique en open source destinée à favoriser l’innovation dans la production de boîtiers connectés pour des véhicules lourds ou légers répondant à plusieurs cas d’usage.

CitiCAP. Le projet CitiCAP fera de Lahti, en Finlande, la première ville dans le monde qui planifiera et mettra en œuvre un système d’échange de droits d’émission de CO2 pour les citoyens. Les crédits carbone seront échangés à l’aide d’une application mobile qui détecte automatiquement les différents modes de transport et calcule le résultat en termes d’émissions de CO2. L’application recueille également une information complète sur les choix de mobilité des habitants, pouvant être utilisée pour concevoir de nouveaux services mobilités dans la ville.

Dott. Start-up européenne – treize nationalités différentes –, Dott propose des solutions de micromobilité (scooters électriques et vélos électriques) pour les villes. Son objectif : fournir un environnement durable et une solution efficace et facile pour tout le monde, pour les trajets de 0,5 à 5 km, qui représentent plus de 60 % des trajets en ville. Dott dispose de différentes trottinettes électriques spécialement conçues pour le partage, la sécurité et la durabilité : roues plus grandes, plate-forme plus large, double système de freinage. Et toutes les pièces des scooters peuvent être remplacées et réutilisées. Dotée d’une équipe seniors très expérimentée dans les domaines de la technologie et de la mobilité (Decathlon, Facebook, Uber, Ofo), la start-up a collecté 20 millions d’euros pour développer son service dans quatre villes principales : Paris, Bruxelles, Milan et une quatrième à venir d’ici la fin du printemps.

Voie de bus dynamique. Dans l’objectif d’améliorer la performance des bus sur les sites soumis à de forte pression de circulation, la Métropole de Lyon a expérimenté un nouveau dispositif, basé sur une gestion dynamique des voies. L’innovation consiste à passer d’un partage spatial à un partage temporel de la voirie. Le principe de la voie de bus dynamique est simple : affecter et dédier temporairement une voie de circulation générale aux bus. L’affectation de cette voie dédiée se fait de manière « dynamique », par allumage de LED au sol et de panneaux lumineux de rabattement, indiquant aux automobilistes la conduite à tenir lorsqu’un bus est en approche. Dès que la voie est dédiée aux bus, le couloir est sanctuarisé, et les voitures sont invitées à ne pas la franchir.

Mobicoop. Mobicoop propose une plateforme collaborative permettant de favoriser une mobilité partagée et inclusive dans les villes et les territoires. Mobicoop développe trois principaux services : covoiturage libre et sans commission, autopartage entre particuliers, et mobilité solidaire. Cette coopérative repose sur une communauté de 350 000 utilisateurs, 30 000 soutiens actifs sur Facebook, 500 sociétaires, 40 collectivités territoriales et 4 régions. Ainsi que de nombreux partenaires, dont les organisations de l’économie sociale Macif, Croix Rouge, Enercoop, et La Nef (finance solidaire). Sa gouvernance coopérative garantit que la plateforme technique reste un bien commun. Elle utilise en cohérence des logiciels libres et l’open data, et prévoit d’ouvrir le code de ses plateformes dès 2019. Dans dix ans, Mobicoop ambitionne d’être la référence de la mobilité partagée en France et en Europe.

Navette autonome. Depuis un an, Nantes expérimente et innove autour de la navette électrique autonome, sans chauffeur. C’est l’un des seize projets labellisés par le dispositif Nantes City Lab qui fait de la métropole nantaise, un terrain de jeu inédit pour les grands groupes, les entreprises, les start-up et les associations. Un groupement d’industriels ligériens a lancé le défi d’expérimenter une solution globale de mobilité autonome au service des usagers : autonomie de conduite, autonomie d’interaction avec les infrastructures urbaines, autonomie énergétique en embarquant une solution de production d’énergie locale, autonomie de services aux usagers par la détection automatique des passagers et l’information voyageur en temps réel. Nantes Métropole est également attentive au regard des usagers sur l’acceptation des véhicules autonomes comme mode de transport pour demain : elle expérimente pour cela cette navette autonome en environnement réel, sur voie ouverte.

Netlift. A Montréal, au Québac, 4,5 millions de sièges vides circulent sur les routes en heure de pointe, un gaspillage qui représente un potentiel de transport énorme. Grâce à un algorithme qui permet d’optimiser les trajets entre navetteurs et destinations, Netlift accompagne des pôles d’emploi ne disposant que d’un nombre limité de places de stationnement dans un contexte de congestion routière, et offre une solution clés en main qui enlève des milliers de voitures de les routes. La course (quelques dollars) est facturée au passager ou bien offerte par l’employeur. L’originalité du modèle de Netlift repose sur le contrôle du parking. En effet, le privilège du stationnement est associé au nombre de passagers par véhicule. Conduire seul devient ainsi cher et dissuasif. Et les passagers bénéficient d’un « retour garanti à domicile » en taxi en cas d’imprévu subi par le conducteur.

Olvo. Olvo est une coopérative de cyclo-logistique réinventant la livraison du dernier kilomètre grâce au vélo cargo et à un hub logistique urbain permettant de stocker temporairement les marchandises. Du stockage à la livraison en passant par la préparation de commandes, Olvo réalise des prestations sur mesure pour l’ensemble de ses clients qui sont très divers : e-commerçants, artisans de bouche, créateurs, producteurs… Grâce au vélo cargo, l’entreprise réalise des livraisons sans aucune émission ni nuisance sonore. Tout en attachant une grande importance à la préservation du métier de coursier/livreur : son équipe compte 16 salariés, tous en CDI.

Strategis. La société Egis a développé un Système d’information géographique (SIG) sous la forme d’une application Web. Ce système contient un algorithme qui permet de classer automatiquement les images satellites, d’extraire et d’identifier les atteintes au bon fonctionnement des infrastructures en zones urbaines. Il suffit aux utilisateurs d’insérer des images sur l’application Web et de cliquer sur un bouton pour que les parties défectueuses soient évaluées et visualisées. La solution a été réalisée en utilisant uniquement des technologies open source. Elle a été appliquée aux chemins de fer, mais peut l’être à d’autres infrastructures telles que les routes, les lignes électriques, ou encore les pipelines de gaz et pétrole.

T’vélos. La Communauté de communes du Thouarsais, dans le département des Deux-Sèvres, a pour ambition de devenir un Territoire à énergie positive, c’est-à-dire produire plus d’énergie que le territoire n’en consomme. Elle entend ainsi notamment favoriser des mobilités durables. Avec T’vélos, la Communauté de communes met à disposition gratuitement neuf vélos et 25 VAE (vélos à assistance électrique) répartis chez six partenaires : deux bases de loisirs, deux supérettes de proximité, un garage, un centre socioculturel. Ces partenaires s’engagent à louer les vélos au prix défini par la collectivité, à effectuer leur entretien annuel et à envoyer chaque année un récapitulatif des locations effectuées pour permettre le suivi du service.

Vulog. Parce qu’un véhicule en libre-service représente douze véhicules privés en moins dans les rues, la mobilité partagée est un élément essentiel de la lutte contre la pollution dans les villes. L’ambition de Vulog, fondée à Nice en 2006, est de bâtir le futur de la mobilité : une mobilité partagée, électrique et autonome. Sa plate-forme AiMA (Artificial Intelligence Mobility Applied) permet aux grands acteurs de l’automobile (constructeurs, loueurs et distributeurs) comme aux nouveaux opérateurs de mobilité, de lancer et d’exploiter des services d’autopartage en à peine trois mois. De Vancouver à Wuhan, en passant par Washington D.C. ou Madrid, une voiture, un scooter ou une trottinette équipé(e) de la technologie Vulog est partagé(e) toutes les deux secondes dans le monde.

WhereIsMyTransport. Dans les pays émergents, jusqu’à 80 % des populations urbaines dépendent des transports en commun informels pour accéder aux services publics et à de nouvelles opportunités. Jusqu’à présent, ces réseaux informels n’étaient pas cartographiés, rendant presque impossible pour les gouvernements tout projet d’investissement à long terme pour une mobilité urbaine durable. WhereIsMyTransport a développé des technologies et des méthodes conçues spécifiquement pour cartographier les transports publics complexes dans les pays émergents. L’ensemble des données collectées sont accessibles via un système de transport intégré (ITS), une plate-forme basée sur le cloud qui les consolide au moyen de technologies intelligentes pour fournir une source d’informations unique pour développer la mobilité multimodale.

Zenbus. Les réseaux de transports collectifs ne disposent pas des données adaptées à l’évolution de la mobilité de plus en plus connectée et concurrentielle. Celles-ci manquent, en effet, de précision, de capacité d’ouverture ou sont parfois inexistantes, du fait de la lourdeur et du coût des systèmes en charge de les produire. Zenbus aide tout réseau, régulier ou éphémère, public ou privé, à produire et à valoriser ses données en temps réel, et ainsi accroître son attractivité et sa performance. Zenbus a un impact majeur sur l’ensemble de l’écosystème d’un réseau : les voyageurs, le territoire, le transporteur et les conducteurs.

*Composition du comité de sélection 
Dominique Alba, directrice de l’Atelier parisien d’urbanisme ; Pilar Conesa, PDG d’Anteverti ; Ross Douglas, PDG de Autonomy Paris ; Anne Durand, architecte urbaniste ; Jean-Pierre Elong M’Bassi, secrétaire général de Cités et Gouvernements locaux unis d’Afrique ; Gabrielle Gauthey, administratrice de Gecina ; Albane Godard, directrice de l’Urban Lab de Paris & Co ; Francis Juttand, directeur scientifique de l’Institut Mines Télécom ; Sonia Lavadinho, directrice de Bfluid ; Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon ; Cécile Maisonneuve, présidente de La Fabrique de la cité ; Léa Massaré di Luca, fondatrice de WideOpen project ; Carlos Moreno, directeur scientifique de la chaire Entrepreunariat, territoires et innovation à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Carlo Ratti, directeur du senseable City Lab au MIT ; Jeffrey Raven, architecte urbaniste et professeur associé au New York institute of Technology ; Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes-Métropole ; John Rossant, président de NewCities ; Michel Sudarkis, secrétaire général de l’Association internationale du développement urbain ; Kjetil Thorsen, architecte et codirecteur de l’agence Snohetta ; Gérard Wolf, président de Brics Access ; Amalia Zepou, maire adjointe d’Athènes en charge de la société civile et de l’innovation ainsi que nos partenaires Citeo, La Poste et Saint-Gobain.