Paris, quartier de La Défense / Christian Hartmann / REUTERS

Pour la quatrième année, Le Monde remettra les Prix de l’innovation urbaine Le Monde Cities, lors d’une cérémonie qui se déroulera le 28 juin à Ground Zero, à Paris. Cette nouvelle édition vise à récompenser des solutions concrètes au service du bien vivre des habitants, de la justice sociale et de l’adaptation de la ville face au réchauffement climatique.

Les prix récompenseront des innovations développées à l’initiative de municipalités, d’entreprises, de start-up comme d’associations, d’ONG, de fondations, de citoyens ou groupes de citoyens, dans cinq catégories : mobilité, énergie, habitat, urbanisme et participation citoyenne.

Voici, dans l’ordre alphabétique, les 22 projets proposés par le comité de sélection* dans la catégorie « urbanisme », tels que présentés par leurs initiateurs dans leurs dossiers de candidature.

Agora. Agora est un programme de transformation urbaine à vocation sociale et économique dans les quartiers populaires des villes de Côte d’Ivoire. Il présente trois axes : un programme de construction de 91 infrastructures socio-sportives dans les principales zones urbaines ; un programme d’innovation sociale fédérant acteurs locaux et internationaux ; un programme économique inclusif où les activités génératrices de revenus sont directement confiées aux habitants utilisateurs. Chaque agora sera dotée d’une centrale solaire alimentant le centre et son quartier. La première sera livrée en juin 2019 à Abidjan et a vocation à être dupliquée dans toutes les grandes villes africaines.

Athen’s Digital Lab. La ville d’Athènes, en Grèce, a lancé l’Athen’s Digital Lab (ADL), premier incubateur municipal. ADL se veut un laboratoire de recherche et développement pour les solutions numériques de « villes intelligentes ». Il soutient le développement et la maturation d’applications répondant aux besoins réels de la ville, et améliorant la qualité de vie des Athéniens et des visiteurs. ADL sélectionne de jeunes start-up et propose pour six mois un espace de travail, un mentorat, un accès aux infrastructures de la ville comme bancs d’essai ainsi qu’un soutien financier pour tous les besoins en équipement.

Champ de la Confluence. Développé sur une friche industrielle dans le quartier de La Confluence, à Lyon, le projet d’aménagement du Champ de la Confluence vise à créer un espace boisé habité en centre-ville. Il se veut un démonstrateur de la ville durable grâce à l’expérimentation d’innovations : utilisation de bétons 100 % recyclés issus de l’économie circulaire, transformation d’un sol stérile en un sol fertile par la mise en œuvre d’un dispositif naturel… Sans oublier le choix d’une végétation sélectionnée en fonction de sa capacité d’adaptation au réchauffement climatique et à son attractivité pour les insectes, pollinisateurs notamment. Une attention particulière est portée à ces derniers pour leur rôle stratégique dans le développement de la biodiversité. Le Champ de la Confluence s’inscrit également dans une démarche d’innovation sociale avec une participation encouragée des habitants au sein d’un lieu expérimental de partage appelé la Station Mue.

Citizen Relationship Management. Le projet CiRM (Citizen Relationship Management), en cours de mise en œuvre par la ville de Casablanca, au Maroc, vise à développer des applications web et mobile pour recueillir les réclamations, les demandes d’informations et suggestions des usagers, dans le but d’améliorer les services et de permettre un droit de recours et d’information. Afin de garantir l’inclusion sociale et d’éviter la fracture numérique, la prise de contact directe et les réclamations ou demandes d’information au format papier resteront possibles dans ce projet.

Citra Maja Raya. Citra Maja Raya est un projet de création d’un vaste quartier d’habitations offrant des logements abordables, à New Maja City, une des dix nouvelles villes lancées par le gouvernement indonésien pour faire face à la pénurie grandissante de logements. Son développement a débuté en 2015 sur une zone d’aménagement de 2 600 hectares. Objectif principal : développer une commune complète et intégrée, au sein de laquelle les habitants pourront accéder à tous leurs besoins, qu’il s’agisse d’éducation, de santé, de loisirs.

Escenario. Escenario est un projet d’urbanisme développé en Argentine par la Fondation Rio Cuarto 2030, dans une approche collaborative et participative. Il propose un projet urbain intégral pour un territoire de plus de 900 hectares présentant un potentiel de croissance urbaine et économique, dans trois villes : Río Cuarto, Holmberg et Las Higueras. Dans tous les domaines, sont introduits des outils tels que des espaces collaboratifs de travail pour la gestion du district, la cogestion des terres, les partenariats public-privé.

Geodesignhub. Geodesignhub.com est une plate-forme de médiation visant à faciliter le consensus et la prise de décision collaborative. Elle permet à des personnes d’exprimer et rassembler leurs idées, de discuter et de parvenir à un consensus au cours de réunions publiques. La plate-forme a récemment été utilisée à la demande du Conseil de gestion des pêcheries en Irlande pour élaborer une stratégie de gestion marine et côtière. Ou encore avec des habitants des favelas de la ville de Belo Horizonte, au Brésil, qui travaillent avec les autorités pour une meilleure intégration des populations.

Habitons Mazagran. A la Guillotière, à Lyon, pour sauver l’îlot Mazagran d’une opération immobilière qui aurait fait disparaître le quartier, trois architectes ont imaginé et partagé avec les habitants des croquis pour répondre à deux questions : comment ne plus considérer les habitants d’un territoire comme des unités à loger mais comme les acteurs de sa transformation ? Comment prolonger l’écriture de la phrase urbaine ? Des centaines d’habitants ont débattu autour de projets fictions dessinés à la main et proposé des alternatives à la démolition. Un an plus tard, les élus ont décidé de rouvrir le dialogue pour coconstruire l’îlot avec ses habitants.

Les Grands Voisins. Les Grands Voisins, c’est le nom d’un ancien hôpital de 3,4 hectares à Paris, qui, dans l’attente de la création d’un écoquartier, est occupé par des groupes sociaux différents : jusqu’à 600 personnes vulnérables et 250 organisations. L’accent est mis sur l’expérimentation, l’hospitalité, l’implication citoyenne et l’ouverture sur la ville. En pariant sur la mixité et le partage, le projet tisse des liens entre les centres d’accueil et la ville et accompagne l’accès à l’autonomie des personnes qui y résident.

Ma friche urbaine. Ma friche urbaine, à Lyon, fait le lien entre des projets en demande de lieu et des espaces inoccupés pendant le temps de latence des projets d’aménagement urbain. En partenariat avec les collectivités, les bailleurs sociaux, les aménageurs et entreprises, une concertation est menée avec les habitants afin d’identifier des activités d’occupation temporaire qui répondent à leurs besoins. Les personnes éloignées de l’emploi sont réinsérées grâce à des partenariats avec des structures locales. Ma friche urbaine accompagne la gouvernance collective du lieu, depuis la conception jusqu’à la fin d’occupation temporaire.

OurHub. Sise à Copenhague, au Danemark, OurHub est une start-up qui intervient dans le domaine des urban tech et propose une plate-forme de partage de jeux et d’équipements sportifs dans les espaces publics. Objectif : faire redécouvrir le plaisir de rencontres spontanées dans les espaces publics, entre individus qui ne se connaissent pas nécessairement, grâce à un mobilier urbain de partage de jeux et d’équipements sportifs (mölkky, pétanque, croquet, ping-pong, street basket, etc.) et une application de matchmaking, qui connecte les individus avec amis, voisins, voire des touristes.

Parques del rio Medellin. Le projet Parques del rio, à Medellin, en Colombie, vise à rendre le fleuve aux citoyens comme structure principale de l’écosystème urbain, en optimisant son rôle de couloir central de mobilité et d’espaces publics de qualité. Le projet doit générer 1,6 million de m² d’espaces publics destinés aux loisirs et à la culture et 220 hectares de zones protégées dans les montagnes environnantes de la ville. Les déplacements en voiture devraient diminuer grâce à un accès direct au métro et à tous les services d’équipement de la ville, situés le long de la rivière. De plus, des arbres de 131 espèces seront plantés pour générer un écosystème biotique et attirer 80 espèces d’animaux.

Place du Panthéon. Le collectif Les MonumentalEs, en 2017, a conçu avec les usagers les principes-phares du réaménagement de la place du Panthéon à Paris. De nouveaux espaces de convivialité ont été imaginés. L’équipe a utilisé 400 blocs de granit bruts récupérés et reliés pour créer une vaste trame orthogonale régulière dans laquelle s’inséraient de grandes plateformes en bois. Leurs formes sont volontairement abstraites, afin de ne pas prédéterminer ou surdéterminer les usages et les catégories d’usagers. Le collectif a souhaité repenser l’espace à partir de sa minéralité, capable de faire le lien entre un héritage chargé historiquement et des problématiques urbaines actuelles de réemploi des matériaux.

Quartiers d’innovation urbaine. Les Quartiers d’innovation urbaine sont les territoires de la métropole parisienne sur lesquels l’Urban Lab, l’agence de développement économique et d’innovation de Paris, teste des projets pilotes répondant à des enjeux urbains : mobilité, lien social, gestion des déchets, usages de l’espace public… Deux quartiers ont été choisis pour imaginer la ville du futur, car ils sont représentatifs d’une grande diversité de situations urbaines sur plus de 300 hectares : Paris-Rive-Gauche, doté d’un passé industriel et ferroviaire, qui accueille de nombreux étudiants et salariés, et Chapelle-S, qui dépasse les frontières nord-est de Paris et comprend des zones en pleine mutation.

Radeaux végétalisés. Le long du canal Saint-Martin, à Paris, un premier radeau de 40 m2 occupé par des plantes a été installé par l’association Nature & Us. Ce projet a pour objectif de purifier l’air et réduire la quantité de CO2, dépolluer l’eau, créer des habitats pour les poissons, oiseaux et insectes, créer des espaces éducatifs pour les écoles, permettre une reconnexion à la nature, et rendre la ville et les points d’eau plus agréables aux riverains. Les plantes spécifiquement choisies filtrent à la fois l’air et l’eau. Ainsi le CO2 dans l’air se trouve réduit et l’eau dépolluée. Autour des racines qui sont immergées dans l’eau, des bactéries et micro-organismes vivent naturellement et filtrent les déchets polluants de l’eau. Ces racines créent un habitat naturel pour les poissons.

Réinventer Paris. Fin 2014, la mairie de Paris a lancé « Réinventer Paris », une compétition fondée sur le principe que le foncier public devait être transféré au meilleur projet plutôt qu’au plus offrant. Pour la première édition, 373 projets ont été soumis à la Ville de Paris, portant sur les 23 sites sélectionnés. Ils étaient le fruit d’équipes multidisciplinaires, venues du monde entier, mêlant architectes, urbanistes, promoteurs, artistes, start-up, designers, paysagistes ou encore collectifs de citoyens. Cet appel à projets a modifié les manières de faire la ville. Nouveaux usages, nouveaux matériaux, nouvelles équipes : l’immobilier doit se renouveler et s’adapter aux enjeux du XXIe siècle et notamment au défi climatique. La méthode « Réinventer » se généralise et a inspiré d’autres villes françaises et étrangères.

Roboat. Roboat est un projet de recherche entre l’Institut d’Amsterdam pour les solutions métropolitaines avancées et le Massachusetts Institute of Technology. En développant la première flotte de petits bateaux autonomes au monde, l’équipe étudie le potentiel de la technologie de conduite autonome pour changer les villes et leurs voies navigables. Roboat est un nouveau type d’infrastructure à la demande : des plates-formes autonomes se combinent pour former des ponts flottants et des plateaux, collecter des déchets, livrer des marchandises et transporter des personnes, tout en collectant des données sur la ville.

Stations de santé. A Buenos Aires, en Argentine, le programme Stations de santé vise à prévenir les maladies chroniques non transmissibles chez les individus de tous âges. Situé sur des places, dans des parcs et stations de métro de la ville, il offre des contrôles de santé pour la détection précoce des facteurs de risque, des conseils nutritionnels ou pour lutter contre le tabagisme et l’alcool, mais aussi des cours de cuisine et ateliers sur la nutrition. Le programme fournit ses services par l’intermédiaire d’infirmières, nutritionnistes et professionnels de l’éducation physique. Depuis sa création, plus de 1 200 000 personnes ont bénéficié des installations, avec 4 900 000 visites médicales et 950 000 consultations en nutrition. Le programme aurait ainsi prévenu 4,75 événements cardiovasculaires pour 100 000 habitants.

Lisière d’une tierce forêt. Le projet Lisière d’une tierce forêt propose de transformer l’espace extérieur d’un foyer de jeunes travailleurs à Aubervilliers en un nouveau type d’espace public qui créera un îlot de fraîcheur, piétonnier et arboré, dans une des villes de France les plus carencées en espaces verts. A l’origine de cette idée : une association d’insertion sociale, Alteralia, et un cabinet d’architecture, Fieldwork. Une masse d’arbres sera plantée sur un sol recouvert d’un nouveau matériau perméable, qui permet à la forêt de respirer tout en préservant le caractère urbain du site qui pourra ainsi être utilisé comme une place publique. L’objectif, à terme, serait de répandre la Tierce forêt à travers la ville et ainsi de rendre celle-ci plus résiliente.

Urban Canopée. Le projet Urban Canopée consiste à déployer des canopées végétales au-dessus de la ville, autonomes et connectées, pour atténuer les effets du changement climatique et ramener de la biodiversité, là où il est impossible de planter des arbres. En créant de nouveaux îlots de fraîcheur dans l’espace public, l’initiative permet également de fixer les particules fines et stocker le CO2 dans les végétaux grâce à la photosynthèse. L’objectif est aussi de mesurer les effets sur les températures, le bien-être citoyen, le capital biodiversité, la pollution.

Vila Flores. La Vila Flores est un centre culturel situé dans la ville de Porto Alegre, au Brésil, créé sur un espace de 1 415 m2, dont avait hérité une famille locale. Au lieu de démolir ou de vendre la propriété, la famille a proposé à un groupe d’artistes d’imaginer un avenir pour ce lieu. Cette initiative favorise la revitalisation du patrimoine culturel de la ville à travers des activités culturelles et la création d’un espace de travail pour artistes et entrepreneurs. Le but de cet espace ouvert pluridisciplinaire est de créer une communauté artistique et créative qui dynamise le quartier et connecte les citoyens les uns avec les autres.

Vila Itororo. Au Brésil dans la ville de Sao Paulo, la Vila Itororo est un complexe architectural de plus de dix bâtiments construits au cours du XXe siècle à des fins résidentielles et de loisirs. Lancé en 2013, le chantier de restauration du site, ouvert, est réalisé grâce à un partenariat entre le département municipal de la culture de Sao Paulo et l’Institut Pedra. Le projet implique la participation d’anciens résidents, d’habitants des environs, d’artistes, de chercheurs, d’architectes et de travailleurs de la construction. Les ouvriers y côtoient les visiteurs ; on joue au foot dans la cabane de chantier ; la menuiserie est publique ; une cuisine de quartier et un cabinet de psychanalyse ont émergé au milieu des ruines.

Ytax. Lancé par l’ONG Enda ECOPOP, Ytax est un système intégré de collecte des taxes communales, au Sénégal. Son objectif est de combler la défaillance du système de collecte fiscale existant, obsolète et faisant souvent l’objet de fraudes ou de corruption. Lorsqu’une commune adhère à Ytax, l’agent de l’administration enregistre les différents acteurs de la gestion des taxes communales dans le système et chaque acteur bénéficie d’un compte utilisateur. Les percepteurs font ensuite du porte-à-porte avec un téléphone portable, un terminal 3G et une mini-imprimante (pour les reçus), en lien avec un serveur municipal, permettant ainsi la création de bases de données fiables. Les contribuables sont géolocalisés, sensibilisés et impliqués avec le soutien des conseils de quartiers.

*Composition du comité de sélection :

Dominique Alba, directrice de l’Atelier parisien d’urbanisme ; Pilar Conesa, PDG d’Anteverti ; Ross Douglas, PDG d’Autonomy Paris ; Anne Durand, architecte urbaniste ; Jean-Pierre Elong M’Bassi, secrétaire général de Cités et Gouvernements locaux unis d’Afrique ; Gabrielle Gauthey, administratrice de Gecina ; Albane Godard, directrice de l’Urban Lab de Paris & Co ; Francis Juttand, directeur scientifique de l’Institut Mines Télécom ; Sonia Lavadinho, directrice de Bfluid ; Michel Lussault, directeur de l’Ecole urbaine de Lyon ; Cécile Maisonneuve, présidente de La Fabrique de la cité ; Léa Massaré di Luca, fondatrice du WideOpen Project ; Carlos Moreno, directeur scientifique de la chaire « Entrepreunariat, territoires et innovation » à l’université Paris-1 Panthéon-Sorbonne ; Carlo Ratti, directeur du Senseable City Lab au MIT ; Jeffrey Raven, architecte urbaniste et professeur associé au New York institute of Technology ; Johanna Rolland, maire de Nantes et présidente de Nantes-Métropole ; John Rossant, président de NewCities ; Michel Sudarkis, secrétaire général de l’Association internationale du développement urbain ; Kjetil Thorsen, architecte et codirecteur de l’agence Snohetta ; Gérard Wolf, président de Brics Access ; Amalia Zepou, maire adjointe d’Athènes chargée de la société civile et de l’innovation ainsi que nos partenaires Citeo, La Poste et Saint-Gobain.