Les « gilets jaunes » défilent à Paris, samedi 4 mai 2019, pour la 25e semaine successive. / KAMIL ZIHNIOGLU / AP

Les « gilets jaunes », nombreux dans le cortège syndical du 1er-Mai qui a rassemblé entre 150 000 et 300 000 personnes, semblent beaucoup moins présents dans la rue samedi 4 mai à l’occasion de leur acte XXV. Depuis l’acte XXII, à la mi-avril, les chiffres du ministère de l’intérieur, contestés par les « gilets jaunes », montrent un fléchissement du nombre des manifestants qui défilent chaque samedi.

Selon les chiffres du ministère de l’intérieur à 14 heures, 3 600 manifestants ont été recensés en France, dont 1 000 à Paris. Le week-end dernier, lors de l’acte XXIV, 23 600 manifestants, dont 2 600 à Paris, avaient été recensés en France par les autorités. Le mouvement, lancé il y a près de six mois, comptabilisait de son côté « 60 132 manifestants minimum ».

Au-delà des rassemblements du samedi, le mouvement social entre en politique : sur les trente-trois listes validées vendredi pour les élections européennes, trois se revendiquent du mouvement des « gilets jaunes ».

Pour l’acte XXV, seules quelques centaines de personnes se disaient participantes à chacun des événements relayés sur Facebook partout en France.

A Paris, trois manifestations déclarées ont été autorisées par la préfecture :

  • le cortège principal de plusieurs centaines de personnes s’est élancé à 13 heures de l’hôpital Lariboisière (10e) en direction de la place de la Nation ;
  • comme samedi dernier, un tour des sièges des médias, dans les 15e et 16e arrondissements, dans l’ouest de la capitale, était également au programme à partir de 13 heures ;
  • le troisième cortège est parti à 14 heures de Jussieu (5e arrondissement), jusqu’à la rue de Patay (13e).

Sur leur trajet, les manifestants doivent passer à proximité de plusieurs centres hospitaliers de l’est de la capitale (Saint-Louis, Tenon, Saint-Antoine). Les organisateurs veulent apporter un « soutien aux personnels soignants des hôpitaux et aux citoyens ayant difficilement accès aux soins ».

Par ailleurs, en fin de matinée, une vingtaine de « gilets jaunes » ont distribué des tracts à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle pour protester contre la privatisation d’ADP. « On est là pour demander l’annulation de cette vente. Et un référendum pour demander la renationalisation des autres biens communs, aéroports, autoroutes… tout ce qui fait notre patrimoine », a dit à l’Agence France-Presse Guillaume, un Parisien de 29 ans.

Barbecues anti-Macron

La préfecture de police de Paris a de son côté reconduit son arrêté d’interdiction de manifester sur les Champs-Elysées, et dans un périmètre incluant l’Assemblée nationale, le palais de l’Elysée, et le secteur de la cathédrale Notre-Dame, touchée à la mi-avril par un incendie. Le préfet, Didier Lallement, a également interdit deux rassemblements place de la République pour éviter la constitution de « cortèges sauvages ».

Un appel interrégional à manifester à La Roche-sur-Yon a conduit la préfecture de Vendée à interdire tout rassemblement dans le centre-ville entre midi et 22 heures « face au risque de débordements et de violences ».

Des « gilets jaunes » ont également appelé à « reprendre » les ronds-points qu’ils occupaient au début du mouvement. Des « barbecues anti-Macron » doivent se tenir sur plusieurs d’entre eux, partout en France, à l’initiative du député de La France insoumise François Ruffin, qui y projettera son film sur le mouvement social, J’veux du soleil. Des appels à manifester ont aussi été lancés dans plusieurs grandes villes de France, comme Lyon, Toulouse ou Montpellier.

Ces rassemblements ont lieu trois jours après les heurts entre manifestants et forces de l’ordre dans la fumée des gaz lacrymogènes, à Paris. Le défilé du 1er-Mai a été notamment marqué par l’irruption de plusieurs dizaines de personnes dans l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, après un mouvement de panique.

Le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, sous le feu des critiques après avoir parlé à tort d’une « attaque », a reconnu vendredi qu’il n’aurait pas dû employer ce mot. Les 31 personnes placées en gardes à vue après cet incident, et libérées depuis, tiendront une conférence de presse à 16 heures à Paris.

Dans une tribune intitulée « Gilets jaunes : Nous ne sommes pas dupes ! », publiée sur le site de Libération, des comédiennes comme Juliette Binoche ou Emmanuelle Béart, des écrivains comme Edouard Louis ou Annie Ernaux ainsi que 1 400 autres acteurs du monde de la culture ont apporté samedi leur soutien au mouvement.