Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, le 24 avril, à Khasan en Russie. / Alexander Safronov / AP

Visiblement mécontente de l’évolution des négociations avec les Etats-Unis, la Corée du Nord a procédé à des tirs de missiles à courte portée. Samedi 4 mai, l’état-major de l’armée sud-coréenne a fait savoir que Pyongyang avait « tiré plusieurs salves de missiles vers le nord-est ». Les engins seraient partis entre 9 h 06 et 9 h 27 de la péninsule de Hodo, près de la ville de Wonsan dans l’est du pays. Séoul et Washington cherchent à déterminer de quels missiles il peut s’agir. Ils auraient volé de 70 à 100 km. Il ne s’agirait pas de modèles intercontinentaux.

La zone d’entraînement de la péninsule de Hodo est, d’après le site spécialisé sur la Corée du Nord 38 North, considérée comme un « élément important des infrastructures d’essais de missiles et de fusées en Corée du Nord ». Ces dernières années, elle a été « le théâtre de plusieurs essais de missiles balistiques et d’importants exercices d’artillerie ».

« L’essai n’est pas surprenant étant donné que le dirigeant Kim Jong-un s’est explicitement plaint de la politique hostile américaine et a laissé planer la menace d’ actes équivalents », a réagi Ankit Panda, analyste du site spécialisé NK Pro.

Processus dans l’impasse

Confirmés, ces tirs, les premiers depuis celui d’un Missile balistique intercontinental (ICBM) Hwasong-15 en novembre 2017, interviennent un peu plus de deux mois après l’échec du sommet des 27 et 28 février à Hanoï (Vietnam) entre Kim Jong-un et le président américain Donald Trump. Depuis, même si M. Trump reste ouvert à un troisième sommet, le dialogue peine à être relancé et une certaine impatience se manifeste. La partie américaine continue d’appeler au maintien des sanctions imposées à la Corée du Nord. Pyongyang demande qu’elles soient levées à mesure que progresse la dénucléarisation et souhaite des « garanties de sécurité ».

Dans un discours prononcé le 12 avril devant l’Assemblée suprême du peuple, M. Kim – qui a par ailleurs souligné « l’excellence » de sa relation avec le président américain – s’est dit prêt à accepter un troisième sommet avec M. Trump « à condition qu’il adopte la bonne attitude et cherche une solution que nous puissions partager ». « Il est clair que si les États-Unis s’en tiennent à leurs calculs politiques actuels, ils assombrissent les chances de résoudre le problème, ce qui est potentiellement très dangereux », a-t-il ajouté.

Depuis, les signaux de Pyongyang à Washington s’enchaînent et le dialogue n’avance guère. Le 17 avril, la Corée du Nord a procédé au test d’un nouveau type « d’arme à guidage tactique ». Un acte interprété ainsi : si les prometteuses négociations avec Washington ne reprennent pas, les deux pays pourraient à nouveau se retrouver en situation de forte opposition.

Ultimatum et risques de pénuries

Par la suite, Pyongyang a demandé à l’administration Trump à ce que le secrétaire d’Etat, Mike Pompeo, ne soit plus impliqué dans les négociations sur le dossier nucléaire nord-coréen. Le 24 avril sur la chaîne CBS, ignorant cette demande, M. Pompeo a qualifié de « chaotique » les négociations avec le Nord et expliqué que les États-Unis envisageraient des solutions alternatives si les « négociations de bonne foi » devaient échouer.

M. Pompeo a toutefois rappelé le 30 avril la volonté américaine de négocier avec la Corée du Nord. Le même jour, la première vice-ministre nord-coréenne des affaires étrangères, Choe Son-hui, menaçait les Etats-Unis de « conséquences indésirables » s’ils ne changeaient pas de politique sur la dénucléarisation de la Corée du Nord avant la fin 2019.

Dans le même temps, Kim Jong-un a rencontré le 25 avril à Vldivostok (Russie) le président russe Vladimir Poutine qui a proposé un renforcement des liens bilatéraux et offert d’aider à sortir de l’impasse les négociations sur le nucléaire.

Sur le plan intérieur, les autorités nord-coréennes ont semble-t-il renforcé la campagne en faveur de « l’autonomie ». Dans un éditorial du 28 avril, le quotidien du parti du travail au pouvoir, le Rodong Sinmun, a appelé les Nord-Coréens à suivre la direction du parti pour créer une « économie autonome » alors que la pression des sanctions se maintient et que le pays serait confronté à de sérieuses pénuries alimentaires.

Pyongyang pousse de ce fait à une augmentation de la production de riz. « Les coups de feu pour une victoire implacable contre les forces hostiles voulant nous réduire à néant au moyen des sanctions économiques sont d’abord tirés du front de l’agriculture », ajoutait le Rodong Sinmun.