La ministre des sports, Roxana Maracineanu, devant l’Elysée, le 24 avril 2019. / LUDOVIC MARIN / AFP

« Laissez-nous nos CTS » : à l’image de Kevin Mayer, Jimmy Vicaut ou Renaud Lavillenie, plusieurs sportifs ont apporté leur soutien ce week-end aux conseillers techniques sportifs, ces cadres d’Etat, dont le gouvernement veut confier la gestion aux fédérations, faisant craindre un affaiblissement des moyens.

« Soutien à tous les CTS sans qui le sport français et surtout le handball français n’auraient pas atteint des sommets », a ainsi tweeté samedi 4 mai Nikola Karabatic, double champion olympique (2008, 2012) et quadruple champion du monde (2009, 2011, 2015, 2017) avec les Bleus.

« Souhaitez-vous vraiment nous voir briller à #Paris2024 ? » a demandé le sprinteur Jimmy Vicaut sur le réseau social. « Laissez-nous les moyens de nous préparer sereinement pour les grandes compétitions », a ajouté le détenteur du record du monde de saut à la perche Renaud Lavillenie. Le décathlonien Kevin Mayer, lui aussi recordman du monde, a choisi l’ironie, en imaginant une « discussion au gouvernement : Comment être le pays hôte aux JO @Paris2024 à ramener moins de médailles que d’habitude ? »

D’autres sportifs ou jeunes retraités, comme Pascal Martinot-Lagarde, Ladji Doucouré, Mélina Robert-Michon (athlétisme), Gwladys Epangue (taekwondo), ou Melonin Noumonvi (lutte) ont aussi apporté leur soutien sur les réseaux sociaux, où est apparu le mot-clé #touchepasàmonCTS.

« Ça me fait peur »

Yohan Diniz, champion du monde du 50 km marche, a expliqué à l’Agence France-Presse avoir toujours été encadré par des CTS, spécificité et rouage du modèle sportif français, assurant qu’il n’aurait pas fait la même carrière sans eux. « On essaie de faire passer des choses dans l’urgence, on réforme un modèle qui fonctionne, qui est envié, qui fournit la majorité des médailles », a-t-il déploré.

« Ça me fait peur pour l’avenir du sport français. L’essentiel des Fédés olympiques va manquer de ressources si l’Etat se désengage. »

La ministre des sports, Roxana Maracineanu, leur a répondu, toujours sur Twitter, affirmant que « pour réussir », les fédérations « doivent gérer pleinement leurs cadres. Les CTS garderont tout : statut de fonctionnaire, salaire, avancement, retraite. Seul changement : le lien hiérarchique avec la Fédé. »

Les conseillers techniques sportifs, au nombre d’environ 1 600, sont des fonctionnaires payés par l’Etat (120 millions d’euros en 2016) et placés auprès des fédérations, où ils exercent un rôle essentiel pour le haut niveau et le développement des pratiques sportives. Il s’agit des directeurs techniques nationaux (DTN), des entraîneurs nationaux et des conseillers techniques nationaux et régionaux.

Le projet du gouvernement de confier leur gestion aux fédérations, via des contrats de détachement, a provoqué une levée de bouclier des syndicats et les présidents de fédérations ont demandé un moratoire jusqu’aux Jeux olympiques de Paris-2024. Le projet prévoit des compensations en subventions pour les Fédérations, mais beaucoup craignent qu’elles ne soient pas garanties dans le temps. Plus de 1 000 CTS ont rejoint un collectif opposé à la réforme.

En parallèle, le gouvernement a décidé de fermer le concours de recrutement, ce qui devrait provoquer une diminution de 25 % des CTS d’ici cinq ans avec les départs en retraite, et environ 50 % en dix ans.