Le pape François dans un centre accueillant des réfugiés, lundi 6 mai à Sofia. / Alessandra Tarantino / AP

C’est une ancienne école de la banlieue de Sofia qui accueille aujourd’hui un centre de réfugiés. Le pape François s’y est rendu dans la matinée du lundi 6 mai, au deuxième jour de sa visite en Bulgarie, qui sera suivie d’une journée en Macédoine du Nord. Géré par plusieurs organisations caritatives ayant bénéficié de fonds européens, le centre Vrazhdebna est l’un des trois que compte la capitale bulgare.

Ouvert en 2013, il a fait face, comme les autres, à l’afflux de réfugiés de 2013 à 2015, qui a nettement réduit par la suite, la Bulgarie ayant consolidé sa frontière avec la Turquie à grand renfort de barbelés – en partie financés par des fonds européens. Aujourd’hui, dans des locaux tout récemment rafraîchis, des volontaires s’efforcent de donner des armes culturelles (cours de bulgare, d’anglais, activités diverses) et sociales à ces familles pour qu’elles puissent s’intégrer – même si beaucoup d’entre elles sont toujours sans titre de séjour.

Le chef de l’Eglise catholique y a rencontré une cinquantaine de migrants, venus en majorité d’Irak et de Syrie. Les enfants ont chanté et lui ont remis des dessins. Il a salué les jeunes et les adultes. Puis, au terme d’une petite demi-heure, il a pris congé d’eux en leur parlant d’espérance, mais aussi de « la douleur de laisser sa patrie » et de « chercher à s’insérer dans une autre patrie ». « Le monde des réfugiés, des migrants, aujourd’hui, c’est un peu une croix, une croix de l’humanité. C’est la croix de tant de personnes qui souffrent », leur a dit François, dans une forte référence à la croix portée par Jésus le jour de sa Passion.

« Ne pas passer sa vie à coller des étiquettes »

C’est la deuxième fois que le pape argentin aborde au cours de sa visite la question de l’accueil des réfugiés, un sujet qu’il porte depuis le début de son pontificat, bien souvent en décalage complet avec les gouvernements, les opinions publiques européennes et une partie des catholiques. Dimanche, à trois semaines des élections européennes (du 23 au 26 mai), il s’était adressé explicitement aux autorités politiques de Bulgarie, et implicitement à d’autres Etats, dont certains ressortissants vont chercher du travail dans d’autres pays, mais qui sont hostiles à l’accueil des migrants. « Vous qui connaissez le drame de l’émigration, leur avait-il dit, je me permets de vous suggérer de ne pas fermer les yeux, le cœur et la main à celui qui frappe à votre porte. »

Lundi après-midi, c’est à l’ensemble des catholiques européens qu’il s’est adressé, au cours d’une rencontre avec les fidèles de Rakovski, une petite ville du centre de la Bulgarie qui a la particularité de concentrer une forte population catholique. « Pour aimer quelqu’un, il n’y a pas besoin de lui demander son curriculum vitae, leur a-t-il dit. Voir avec les yeux de la foi est une invitation à ne pas passer sa vie à coller des étiquettes, à cataloguer celui qui est digne d’amour et celui qui ne l’est pas, mais à chercher à créer des conditions pour que chaque personne puisse se sentir aimée, surtout celles qui se sentent oubliées par Dieu, parce qu’elles sont oubliées par leurs frères. » Dans la matinée, il avait donné leur première communion à 245 enfants de la région, en présence de quelque 10 000 fidèles.