Le président Hasan Rouhani visitant la centrale nucléaire de Busher, en janvier 2015. / Mohammad Berno / AP

Un an après la décision de Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord signé à Vienne en 2015 et de rétablir progressivement les sanctions économiques américaines visant l’Iran, Téhéran a décidé de cesser d’appliquer « certains » de « ses engagements » pris dans le cadre de l’accord international sur son programme nucléaire.

L’Iran arrête de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi comme il s’y était engagé au titre de l’accord international de 2015, précise le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien. Téhéran donne « soixante jours » aux pays restant parties à ce pacte (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) pour « rendre opérationnels leurs engagements en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire », sous peine de voir l’Iran renoncer à appliquer d’autres de ses engagements, ajoute le Conseil.

La décision a été notifiée officiellement en début de matinée, à Téhéran, aux ambassadeurs des pays encore parti à cet accord (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie), écrit le ministère des affaires étrangères iranien dans un communiqué.

Accord nucléaire iranien : Donald Trump annonce le retrait des Etats-Unis
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Un an après l’annonce du retrait américain

« Les mesures prises par les Etats-Unis, en particulier depuis un an mais aussi avant (…) leur retrait [de l’accord], avaient clairement pour but de causer une interruption de l’application [de cet accord] » , a déclaré, pour sa part, le ministre des affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, en visite à Moscou.

L’Iran a fait preuve jusque-là de « patience », mais la République islamique juge désormais « approprié de cesser d’appliquer certains des engagements et mesures volontaires » qu’elle a prises dans le cadre de cet accord, a-t-il ajouté, dans des propos retransmis par la télévision d’Etat. Néanmoins, insiste M. Zarif, « l’Iran ne se retirera pas » de cet accord, et les mesures prises par Téhéran, correspondent à un « droit » laissé aux parties à l’accord en cas de manquements par une autre partie.

La France avait mis en garde Téhéran mardi contre une telle décision, soulignant que des entorses au compromis de 2015 entraîneraient des sanctions européennes. Conclu à Vienne en juillet 2015 et validé par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, l’accord sur le nucléaire iranien a permis à Téhéran d’obtenir une levée d’une partie des sanctions internationales visant le pays. En échange, l’Iran a accepté de limiter drastiquement son programme nucléaire et s’est engagé à ne jamais chercher à se doter de l’arme atomique.

La sortie des Etats-Unis a entraîné le rétablissement des sanctions américaines que Washington avait suspendues en application de l’accord. Les Européens, la Chine et la Russie ont toutefois maintenu leur engagement dans cet accord.

L’annonce iranienne intervient dans un climat de tension exacerbée avec les Etats-Unis. Le Pentagone a annoncé dépêcher plusieurs bombardiers B-52 dans la région du Golfe. Le secrétaire d’Etat américain, Mike Pompeo, a fait mardi une visite surprise à Bagdad, affirmant disposer d’informations sur « une escalade des activités de l’Iran » qu’il a accusé de préparer des « attaques imminentes » contre les forces américaines dans la région.

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