Voix d’orientation. Le Monde Campus et La ZEP s’associent pour faire témoigner lycéens et étudiants sur leurs parcours d’orientation. Aujourd’hui, Djamel raconte les difficultés que doivent affronter les étudiants étrangers en France. Malgré cela, il ne regrette pas d’avoir fait ses valises : « S’internationaliser, se former, dépasser ce qu’on croit être nos limites et s’ouvrir à autrui, c’est indéniablement l’expérience la plus enrichissante à vivre. »

Djamel, 27 ans, étudiant, Nanterre / ZEP

Pour avoir la chance d’être admis dans une université française, j’ai rempli un dossier via Campus France Algérie. J’ai été bien encadré et guidé par les conseillers. La procédure et la préparation des études à l’étranger étaient fort stressantes, avec des démarches complexes et coûteuses. Rédaction de lettres de motivation, préparation des dossiers d’admission, présence aux entretiens, etc. Entre les frais de traduction, ceux du test de langue, du traitement de dossier et du visa, il faut compter 200 à 300 euros. Sans aucune garantie d’acceptation : malgré ces efforts, il se peut que la demande soit refusée par les différents services administratifs (Campus France, l’université d’accueil, le visa).

J’ai obtenu mon admission à l’université de Nanterre. Le départ a été l’étape la plus dure du parcours. Ce n’est jamais facile de quitter les siens, son pays et ses repères. Après avoir préparé mes valises, étreint tout le monde et pleuré un bon coup, j’ai pris l’avion à l’aéroport d’Alger. Que l’aventure commence ! Arrivé à Paris (c’était la toute première fois), j’ai été charmé par l’architecture de la ville. Un peu moins par son climat. Mais la chaleur de ses habitants compensait. J’ai découvert une culture nouvelle, des gens vraiment intéressants. Je me suis retrouvé dans un environnement inhabituel et je devais développer un réseau social. Cela m’a demandé de l’organisation, de la force et de l’endurance.

Dès mon arrivée, j’ai dû faire face à une difficulté, et non des moindres : le logement. Se loger coûte très cher pour moi, et n’ayant pas tous les papiers m’autorisant à travailler sur le sol français ou à demander des aides, j’ai fait appel à ma cousine vivant en banlieue pour m’héberger.

Ensuite, c’était la galère bureaucratique pour les inscriptions pédagogiques à l’université d’accueil, Paris Nanterre. Je n’avais aucune information sur les démarches administratives ou l’obtention du titre de séjour étudiant. Il fallait constituer un dossier à l’appui d’un justificatif financier d’un minimum de 5 000 euros par an. Les préfectures sont exigeantes et très lentes dans le traitement des dossiers. Les étudiants étrangers doivent redoubler d’efforts et venir avec de l’argent leur permettant de tenir jusqu’à la finalisation de tout leur dossier, ce qui peut durer tout de même quatre mois, entre Sécurité sociale et carte de séjour. Mes premiers mois en France se sont résumés à des procédures administratives ennuyantes.

Mon choix s’est porté sur la France qui possède un système d’enseignement supérieur d’une grande renommée et reconnu pour ses programmes. C’est très différent de l’enseignement de mon pays qui manque beaucoup de qualités et pas seulement théoriques ! J’étais donc très motivé pour réaliser mon projet d’étude ici, convaincu que la formation en France me garantira une brillante carrière.

J’ai commencé les cours début octobre à l’université Paris Nanterre, au sein du DU (diplôme d’université) Savoir Convaincre. J’ai notamment choisi cette formation pour développer mes capacités d’argumentation et de persuasion. Au début, j’étais un peu perdu, mais toutes les conditions étaient remplies pour bien étudier : des salles équipées, des bibliothèques modernes, des profs très compréhensifs avec les étudiants étrangers… Je passais toute la journée à la fac pour rattraper les cours perdus, à cause du retard de visa.

Par contre, trouver des étudiants français pour établir des relations amicales, c’était difficile. La vie dans les grandes villes est accélérée et les rencontres sont différentes. Je ne parlais pas couramment le français, alors j’ai dû m’approcher des gens en utilisant des moyens différents : des gestes, la mimique, un sourire, du charme… Bref, tout ça doit être mélangé afin de se faire bien comprendre.

Il faut être organisé, responsable, réfléchi pour ne pas succomber au stress de la vie quotidienne. Et, surtout, bien gérer son budget. S’internationaliser, se former, dépasser ce qu’on croit être nos limites et s’ouvrir à autrui, c’est indéniablement l’expérience la plus enrichissante à vivre.

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes de 15 à 30 ans par des journalistes professionnels. / ZEP

La zone d’expression prioritaire (ZEP) accompagne la prise de parole des 15-30 ans

La zone d’expression prioritaire (ZEP) est un dispositif d’accompagnement à l’expression des jeunes par des journalistes professionnels. Par l’intermédiaire d’ateliers d’écriture dans des lycées, universités, associations étudiantes ou encore dans des structures d’insertion, ils témoignent de leur quotidien et de l’actualité qui les concernent.

Tous leurs récits sont à retrouver sur Le Monde Campus et sur la-zep.fr.