Le Parc floral du bois de Vincennes à Paris. / GERARD JULIEN / AFP

Du jazz, du classique, des spectacles pour enfants : de la fin juin au début septembre, les Parisiens qui passent l’été dans la capitale vont de nouveau pouvoir assister à des concerts gratuits au Parc floral, au cœur du bois de Vincennes (12e ­arrondissement).

Après des ­inquiétudes, la Mairie de Paris a décidé de maintenir les trois festivals qu’elle finance depuis bientôt vingt-cinq ans. Dès le 26 juin aura lieu un spectacle pour enfants de Pascal Parisot. Puis Mathias Lévy, l’étoile montante du violon jazz, ouvrira la saison pour les adultes le samedi 6 juillet. Le Trio Karénine prendra le relais côté classique en août.

La continuité n’est qu’apparente. En réalité, l’été 2019 marque un nouveau départ complet pour les concerts estivaux organisés par la Mairie au Delta, un espace en plein air disposant d’une capacité de 1 500 places assises et 1 000 debout. Avec moins de subventions, le début d’un recours aux fonds privés, et la fin de la gratuité totale pour les spectateurs. En outre, une nouvelle société prend les manettes du projet. « On change de modèle économique », résume-t-on à l’Hôtel de ville.

Au lieu d’être réparti entre quatre prestataires, le budget a été attribué à un seul, la société Traffix Music

En 2018, la Mairie avait quasiment divisé par deux les subventions versées aux différents prestataires chargés des trois festivals concernés, Paris Jazz Festival, Classique au vert et Les Pestacles. Le nombre de spectacles avait diminué d’autant. Côté classique, par exemple, le festival avait été ramené à quatre week-ends, ­contre sept lors des précédentes éditions.

De quoi faire pester les organisateurs, qui ne comprenaient pas ce régime sec et se lamentaient de ne pas être entendus par les élus. « On nous a dit que notre public n’était pas assez parisien, on a ­reproché au jazz d’être un peu élitiste, mais vous savez que le jazz est une musique populaire », s’était plaint Sebastian Danchin, l’homme fort du Paris Jazz Festival, devant les spectateurs de l’ultime concert de 2018, avec à l’affiche Michel Portal, François ­Jeanneau, Daniel Humair et bien d’autres.

Pour 2019, pas de nouveau tour de vis. Le budget total reste au même niveau de 400 000 euros. Mais au lieu d’être réparti entre quatre prestataires, il a été attribué à un seul, la société Traffix Music. Fin 2018, la Mairie a en effet rebattu les cartes en lançant un appel à projet global, auquel seuls deux candidats ont ­répondu : la société Sequenza, qui s’occupait de Classique au vert, et Traffix Music, un nouveau venu. C’est ce dernier qui l’a emporté, en raison notamment d’une offre un peu moins gourmande en ­subventions.

Une fois le parc fermé

Pour ce budget, Traffix Music ne pourra pas faire beaucoup mieux que le minimum fixé dans le cahier des charges : huit concerts gratuits de jazz, huit de classique et huit pour le jeune public, le tout durant les horaires d’ouverture du Parc floral. L’entreprise n’a ­signé le contrat qu’en avril et vient seulement de boucler la programmation.

Le système de concession de services désormais adopté par la Mairie ouvre cependant une possibilité nouvelle, celle d’organiser des concerts payants, le soir, une fois le parc fermé. Trois sont prévus cet été, avec des artistes de jazz comme la chanteuse sud­coréenne Youn Sun Nah, la batteuse Anne Paceo ou encore le pianiste Christophe Chassol. En récupérant 20 euros par adulte, l’organisateur ne dépendra plus uniquement des subventions.

« Le nouveau système permet au concessionnaire de développer d’autres ressources propres­ ­complémentaires, par exemple grâce à des coproductions, du mécénat, du merchandising, ou un peu de restauration », ajoute-t-on au cabinet de Christophe Girard, adjoint à la culture d’Anne ­Hidalgo.

« Cette année, nous allons juste avoir trois concerts payants, et proposer quelques boissons aux spectateurs nocturnes, précise Emilie Houdebine, la gérante de Traffix Music. Cela devrait se développer les années suivantes, avec un peu plus de spectacles le soir, et peut-être des accords avec des ­mécènes. » Le contrat validé en avril par le Conseil de Paris donne les clés du parc à Traffix Music pour quatre ans, jusqu’en 2022.