Les Etats-Unis ont annoncé, jeudi 9 mai, refuser à l’opérateur China Mobile l’accès à leur marché, une décision officialisée au moment où débute une session cruciale de négociations entre Washington et Pékin pour désamorcer leur conflit commercial.

La commission fédérale des communications (FCC), le régulateur du secteur des télécoms, explique qu’autoriser China Mobile USA, filiale du groupe public chinois, à opérer sur le marché américain « soulèverait des risques substantiels et sérieux pour la sécurité nationale ». Cette décision est « le résultat d’un examen minutieux par la commission et d’une consultation étroite avec des agences fédérales ayant une expertise en matière de sécurité nationale », poursuit le régulateur.

Après discussion avec les agences de renseignements, le département du commerce a recommandé un rejet de la requête de China Mobile USA, explique la FCC, faisant remarquer que c’est la première fois qu’elle reçoit une recommandation négative fondée sur des questions de sécurité nationale. Les inquiétudes des autorités américaines sont liées au fait que China Mobile est contrôlé, affirment-elles, par le gouvernement chinois, fait également relevé par le régulateur.

China Mobile USA avait déposé sa demande en 2011 pour fournir des services de télécommunications entre les Etats-Unis et certaines « destinations étrangères », rappelle la FCC.

Mesures protectionnistes

Ce n’est pas la première fois que Washington s’en prend à une grande entreprise chinoise dans le secteur des télécoms : les autorités ont exclu le géant Huawei du développement de la technologie de nouvelle génération de réseau mobile 5G aux Etats-Unis.

Le refus du marché américain à China Mobile coïncide toutefois avec des négociations commerciales entre Américains et Chinois à l’issue des plus incertaines. Les deux premières puissances économiques mondiales se menacent mutuellement de nouvelles mesures protectionnistes.

Quelques heures avant le début de cette nouvelle session de négociations, Donald Trump a estimé encore « possible » de nouer cette semaine un accord commercial avec Pékin, malgré le regain de tension observé ces derniers jours. Mais pour ne pas déroger à son habitude de souffler le chaud et le froid, il a indiqué que si un accord n’était pas trouvé, l’alternative — l’imposition de droits de douanes supplémentaires — était « excellente », répétant que ceux-ci faisaient entrer une centaine de milliards de dollars dans les caisses de l’Etat.

Les nouvelles tractations prévues jusqu’à vendredi sont compliquées par la perspective d’une hausse des taxes douanières sur 200 milliards de dollars d’importations de biens chinois qui doit entrer en vigueur vendredi. « La Chine n’aura guère d’autre choix que de prendre les contre-mesures nécessaires », a prévenu Pékin.

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