L’Ajax Amsterdam a été battu à domicile (2-3) par Tottenham, mercredi 8 mai. / Peter Dejong / AP

Si elle était comprise aux Pays-Bas, la chanson Allô maman, bobo d’Alain Souchon aurait sans doute tourné en boucle sur les radios néerlandaises, jeudi 9 mai. La défaite, la veille, de l’Ajax Amsterdam, battu à domicile (2-3) alors qu’il comptait, à 35 minutes de la fin, trois buts d’avance face à Tottenham et pouvait donc envisager sereinement une finale de Ligue des champions contre Liverpool, à Madrid le 1er juin, a, en effet, pris des allures de catastrophe nationale.

« Cette saison européenne était si belle et enthousiasmante, maintenant il nous reste une fameuse gueule de bois », écrit le quotidien AD. « Amsterdam pleure, tout le foot néerlandais est déçu », se lamente De Telegraaf.

Tout le foot ? Pas vraiment car du côté des supporteurs du grand rival, le Feyenoord Rotterdam, c’était plutôt la joie qui régnait mercredi soir…

Le jeune et talentueux milieu de terrain Frenkie de Jong, qui jouera à Barcelone la saison prochaine, a, lui, déclaré, avec beaucoup de fair-play que les Spurs londoniens méritaient leur qualification étant donné la qualité de leur jeu durant la seconde mi-temps de cette rencontre à la Cruyff ArenA.

Chute de 20 % en bourse

Pas de quoi consoler des supporteurs dépités, des dirigeants qui voyaient leur filer sous le nez les 15 millions d’euros liés à une qualification pour la finale à Madrid et des commentateurs incrédules qui commencent à rechercher les coupables. Parmi ceux-ci, Erik ten Hag, pour sa gestion de cette incroyable deuxième mi-temps. Ultime mauvaise surprise : l’action de l’Ajax a chuté de 20 %, jeudi matin, à la bourse d’Amsterdam.

Le club escompte désormais trouver les ressources nécessaires pour remporter à la fois la coupe et le championnat des Pays-Bas, tous deux à sa portée. Pour la prochaine saison, qu’il espère européenne, il ne pourra toutefois pas conserver ses meilleurs éléments : outre de Jong, le capitaine Matthijs de Ligt, convoité en Espagne et en Angleterre, quittera aussi les Pays-Bas.

Avec un budget annuel de 100 millions, l’Ajax ne peut, en réalité, espérer concurrencer les grandes équipes européennes et retenir longtemps ses vedettes. Il a donc le sentiment d’avoir laissé passer une chance unique de renouer avec son passé glorieux, marqué par la victoire dans trois coupes d’Europe dans les années 1970. « Ils auraient pu écrire une page d’histoire, cela n’a pas réussi, c’est dommage », explique le journal sportif Willem Wissers.

Le club semble, en tout cas, frappé par une sorte de « malédiction du 8 mai ». Il a, en effet, perdu cinq des six rencontres décisives jouées à cette date depuis les années 1980. Et un match nul contre De Graafschap, en 2016, lui a coûté le gain du championnat.

C’est toutefois l’incroyable « remontada » de Tottenham - qui compte en son sein deux ex-Ajacides, les défenseurs belges Toby Aldeirwereld et Jan Vertonghen - qui restera comme le moment le plus pénible dans la mémoire collective des Néerlandais.