Affiche du spectacle « La Grande Petite Mireille ». / DR

Elle aura été celle qui « a inventé la chanson française moderne ». Voilà qui est dit dès les premières minutes de La Grande Petite Mireille, évocation fort bien menée en chansons et scènes de comédies de Mireille Hartuch, dite Mireille (1906-1996), compositrice et chanteuse, animatrice, à la radio puis la télévision du Petit Conservatoire de la chanson, de 1955 à 1974.

Récit chronologique, le spectacle revient sur l’importance du jazz naissant pour Mireille ; la rencontre, à la fin des années 1920, avec Jean Nohain qui va écrire fantaisies et romances sur ses musiques ; celle avec Jacques Pills et Georges Tabet, qui chanteront en 1931 leur Couchés dans le foin, énorme succès ; celle avec Jean Sablon. Le mariage en 1937 et la longue vie amoureuse de Mireille avec l’écrivain Emmanuel Berl (mort en 1976)…

A Biry-Vicente le soin de faire revivre Jean Nohain ou de parodier Françoise Hardy

Vocalement proche de Mireille (timbre flûté, enfantin) et au piano toujours avec cette légèreté swing caractéristique de ses compositions, Marie-Charlotte Leclaire est une Mireille au plus exact. Y compris dans les remarques vachardes qu’elle faisait passer avec un sourire aux candidates et candidats du « Petit Conservatoire », lors d’une séquence où l’on voit défiler anonymes et futures vedettes. Avec elle, sur la scène du Petit-Montparnasse, à Paris, Hervé Devolder et Adrien Biry-Vicente apportent une même manière fantasque et espiègle.

Une trentaine de chansons présentées

Devolder y est un metteur en scène, Jean Sablon (pour de beaux passages dont Les Pieds dans l’eau en duo, et Vous avez déménagé mon cœur), Maurice Chevalier (Quand un vicomte), Yves Montand (Une demoiselle sur une balançoire), Emmanuel Berl ou Yves Duteil. A Biry-Vicente le soin de faire revivre Jean Nohain (superbe scène de la création de Couchés dans le foin par le parolier et la compositrice) ou de parodier Françoise Hardy. Les deux excellent en Pills et Tabet lors d’une suite de réjouissantes chansons comme C’est un jardinier qui boîte, Le Vieux Château, ou Papa n’a pas voulu avec Mireille/Marie-Charlotte.

Si l’on doit à Jean Nohain et Mireille plusieurs centaines de chansons, celles qui sont restées les plus célèbres ont été créées entre 1929 et 1939. En courtes citations ou complètes, le spectacle en présente une trentaine. En point commun, leur évidence mélodique et des textes sans tournures alambiquées pour dire d’amusantes situations ou des sentiments simples. Elles étaient « modernes », à l’époque. Leurs trois interprètes d’aujourd’hui les rendent toujours aussi savoureuses.

La Grande Petite Mireille, au Petit-Montparnasse, 31, rue de La Gaîté, Paris 14e. Du mardi au samedi, à 19 heures ; dimanche, à 17 heures. De 10 € à 32 €. theatremontparnasse.com