• Reto Bieri and Meta4

Quasi Morendo

Œuvres de Salvatore Sciarrino, Johannes Brahms et Gérard Pesson par Reto Bieri (clarinette) et Meta4 (quatuor à cordes).

Pochette de l’album « Quasi morendo », de Reto Bieri and Meta4. / ECM NEW SERIES/UNIVERSAL MUSIC

Rares sont les partitions qui comportent un passage à jouer « quasi morendo » (« presqu’en mourant »). En général, le compositeur se contente d’un simple « morendo ». Pourtant, le présent album trouve un titre idéal avec cette double indication. D’abord parce que Let Me Die Before I Wake (« Laissez-moi mourir avant que je ne me réveille ») de Salvatore Sciarrino fait référence à un livre en faveur de l’euthanasie et que le style de l’Italien pourrait se résumer à un seul mot : « quasi ». Musique qui se confond « presque » avec le souffle, « presque » avec le bruit, « presque » avec le silence. Ensuite, parce qu’à ce solo pour clarinette, éclairé entre chien et loup, succède un Brahms crépusculaire (Quintette op. 115), interprété ici de manière alanguie mais pas apathique. Enfin parce que le dernier volet de ce triptyque voué à l’extinction, Nebenstück (pour clarinette et quatuor à cordes) de Gérard Pesson, produit l’effet d’un lumineux Nocturne dans lequel les notes conservées après filtrage de l’original (Ballade op. 10/4 de Brahms) clignotent comme des vers luisants. Pierre Gervasoni

1 CD ECM New Series/Universal Music.

  • Plume

Escaping the Dark Side

Pochette de l’album « Escaping the Dark Side », de Plume. / JAZZ&PEOPLE/PIAS

Musicien français qui a étudié au Berklee College of Music, à Boston (Massachusetts), et fait ses premiers pas dans les clubs de jazz aux Etats-Unis, en particulier à New York, le saxophoniste alto Plume – son nom d’artiste – vient d’enregistrer Escaping the Dark Side, premier album enthousiasmant. A l’évidence, cela s’entend dès les premières notes de sa composition d’ouverture Seek You Must, Plume a été marqué par l’élan lyrique qui caractérise John Coltrane. Le délié des notes, l’attention mélodique, que ce soit dans l’énoncé des thèmes ou les parties solistes, témoignent d’une maîtrise de la dramaturgie musicale. Avec Plume, des musiciens d’une même expressivité, Leonardo Montana au piano, Géraud Portal à la contrebasse et Antoine Paganotti à la batterie, et en invité, à deux reprises, le trompettiste Ambrose Akinmusire. Sylvain Siclier

1 CD Jazz&People/PIAS.

  • The Dream Syndicate

These Times

Pochette de l’album « These Times » de The Dream Syndicate. / ANTI RECORDS/PIAS

Formé à Los Angeles en 1981, The Dream Syndicate est d’emblée assimilé à la scène locale Paisley Underground, mouvance néo-psychédélique dont les guitares dominantes – à contre-courant des synthétiseurs – se revendiquent du Velvet Underground et des Byrds. Dissous durant vingt-cinq ans, le « syndicat du rêve » s’est reformé en 2012 autour du leader Steve Wynn (guitare, chant) et Dennis Dyuck (batterie), pour publier cinq ans plus tard How Did I Find Myself Here ?, disque du retour magistralement négocié. These Times maintient le degré d’excellence de son prédécesseur. Le guitariste Jason Victor apporte une valeur ajoutée avec une palette puisant dans le blues expressionniste de Captain Beefheart et les expéditions jazz-rock de Miles Davis. Notamment sur Put Some Miles On, déluge de distorsion impulsé par une rythmique hypnotique. Ou le poignant Bullet Hollies, dont l’archet électronique évoque Heroes de David Bowie. En 2019, le rock défricheur de ces fringants vétérans se veut la meilleure réponse au jeunisme ambiant. Franck Colombani

1 CD ANTI Records/PIAS.