La bannière de Uber sur la Bourse de Wall Street. / DON EMMERT / AFP

Des dizaines de caméras de médias internationaux, de nombreux badauds et des employés : les premiers pas boursiers d’Uber, vendredi 10 mai, suscitaient excitation et curiosité. Le bâtiment du New York Stock Exchange (NYSE) s’est paré pour l’occasion d’une large bannière blanche sur fond noir, les couleurs de l’entreprise fondée il y a dix ans à San Francisco.

L’entrée en Bourse sous le symbole « UBER » du leader mondial de la réservation de voitures avec chauffeur était annoncée comme l’événement de l’année à Wall Street. L’entreprise a, en effet, signé vendredi l’une des dix plus importantes introductions en Bourse jamais réalisées aux Etats-Unis. Il s’agit également de la plus importante dans le monde depuis 2014 et l’opération menée par la plate-forme chinoise de commerce en ligne Alibaba, qui avait levé 25 milliards de dollars.

Le contexte avant l’introduction en Bourse : d’Uber, qui veut devenir « l’Amazon du transport »

8,1 milliards de dollars d’argent frais

Uber avait fixé jeudi soir à 45 dollars le titre le prix de son entrée à Wall Street, ce qui le valorise à un peu plus de 82 milliards de dollars si l’on ajoute différents instruments financiers. / BRENDAN MCDERMID / REUTERS

Uber avait fixé jeudi soir à 45 dollars le titre le prix de son entrée à Wall Street, ce qui l’aurait valorisé à un peu plus de 82 milliards de dollars si l’on ajoute différents instruments financiers. Le groupe a finalement débute à 42 dollars l’action, 3 dollars en dessous de son prix d’introduction. L’opération doit surtout permettre à l’entreprise de lever 8,1 milliards de dollars d’argent frais, qu’il veut réinvestir « agressivement dans ses activités ».

Uber se retrouve ainsi, selon le cabinet Dealogic, dans les mêmes eaux que Facebook à son entrée en Bourse le 17 mai 2012 en termes de valorisation boursière. Le réseau social réalisait alors la plus grosse introduction en termes de capitalisation pour une entreprise américaine et la sixième au niveau mondial.

La valorisation reste en deçà des chiffres qui circulaient ces derniers mois : le groupe de San Francisco, en Californie, a en effet revu ses ambitions à la baisse, échaudé par la déconvenue boursière de son concurrent principal aux Etats-Unis, Lyft : entré en Bourse fin mars à 72 euros, il a fini jeudi à 55,18 dollars.

Image ternie

Après des années de croissance rapide mais très mouvementée, marquée par des scandales qui ont durablement terni son image, l’arrivée à Wall Street d’Uber, leader du secteur et marque célèbre dans de nombreuses régions du monde, est extrêmement attendue dans les milieux financiers et le secteur des véhicules de tourisme avec chauffeur (VTC).

Cette opération a des allures de moment de vérité pour Uber et pour Dara Khosrowshahi, nommé pour redorer la réputation du groupe, et lui permettre de dégager des profits dans un secteur de plus en plus concurrentiel et aux marges incertaines en raison de nombreuses promotions aux clients et concessions faites aux chauffeurs.

Dans les documents boursiers publiés récemment, Uber avançait une prévision de chiffre d’affaires d’environ trois milliards de dollars au premier trimestre 2019 et une perte proche d’un milliard de dollars.

Sur la grève des chauffeurs Uber à San Francisco : « A chaque course, je consolide leur richesse à mes dépens »

Pour être rentable, la société se diversifie, se lançant dans la livraison de repas, les trottinettes, les vélos… Son nouveau credo : devenir l’Amazon des transports.

Mais des incertitudes planent également sur son activité : la concurrence, les menaces légales et réglementaires et… les chauffeurs, qui se sont mis en grève et ont manifesté dans plusieurs villes américaines mercredi, arguant du fait que l’entrée en Bourse enrichirait les actionnaires, sans qu’eux-mêmes en tirent un centime. « Nous voulons améliorer la situation de nos chauffeurs », a déclaré vendredi Dara Khosrowshahi, sans préciser de mesures.

Bourse en baisse, vendredi

Wall Street était sur la défensive à l’ouverture vendredi. Vers 15 h 45, le Dow Jones Industrial Average, cédait 0,29 % à 25 754,62 points. L’indice Nasdaq perdait 0,0 8%, à 7 904,00 points, et l’indice élargi S&P 500 reculait de 0,18%, à 2 865,43 points. La place new-yorkaise avait déjà terminé dans le rouge jeudi, assombrie par les nombreuses secousses affectant les pourparlers entre la Chine et les Etats-Unis dont la mise en oeuvre par Washington de sanctions commerciales supplémentaires.