Nathalie Loiseau et Edouard Philippe, lors du meeting de Strasbourg, le 11 mai 2019. / VINCENT KESSLER / REUTERS

« Vous voyez, nous ne sommes pas seuls ! » En une phrase, Chrysoula Zacharopoulou, candidate sur la liste de la majorité, a résumé l’objectif du meeting tenu par les troupes macronistes, samedi 11 mai, à Strasbourg : afficher le « rassemblement » des pro-européens autour de la liste de La République en marche (LRM). Aussi bien en France, qu’en Europe. A deux semaines des élections européennes, LRM a sonné le rappel des troupes, en conviant ses partenaires français et ses alliés européens pour le scrutin du 26 mai. Un effet de groupe visant à montrer que la tête de liste, Nathalie Loiseau, affaiblie par plusieurs polémiques et des propos maladroits, n’est pas seule à mener cette campagne.

Outre le MoDem et les radicaux, LRM a surtout mis en avant son alliance avec le centre-droit, dans l’espoir de grappiller des voix dans cette partie de l’électorat. Plusieurs figures issues du parti Les Républicains (LR) et ayant rejoint Emmanuel Macron étaient ainsi présentes : le premier ministre Edouard Philippe, le ministre de la culture Franck Riester, ou encore l’ex-premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

Grappiller les voix du centre-droit

Lors de son premier meeting de la campagne, ce dernier a réaffirmé son soutien à la liste de la majorité, avant tout pour « défendre la France en Europe ». « Quel serait l’intérêt d’affaiblir le président de la République, alors que c’est lui qui défend nos intérêts en Europe ? », a-t-il demandé. Avant de faire sourire la salle, en se disant tout à fait à l’aise dans ce positionnement. « Entre Nathalie Loiseau et Édouard Philippe, je ne me sens pas comme un étranger. J’habite à la même adresse : rue Juppé, c’est à droite sur l’avenue de l’Europe, dans le prolongement des grands boulevards Pompidou, Giscard, Chirac et Sarkozy », a lancé M. Raffarin, devant près de 800 sympathisants.

Dans cette ville symbolique, qui héberge le siège du Parlement européen, la majorité a surtout voulu montrer à quoi ressemblera l’attelage qu’elle entend construire au lendemain du scrutin du 26 mai. Samedi, LRM avait ainsi invité les représentants de douze formations, avec lesquelles elle projette de s’allier, afin de constituer un groupe central au Parlement européen. Parmi elles figurent notamment Ciudadanos, en Espagne ; Open Vld, en Belgique ; Momentum, en Hongrie ; D66, aux Pays-Bas ou encore le Parti démocratique (PD), en Italie. A la tribune, tous leurs représentants ont défendu la candidature de Mme Loiseau – avec laquelle ils ont posé pour symboliser leur rapprochement – et mis en avant la force de leur « rassemblement ». Définitivement le maître-mot de ce meeting.

Un mot d’ordre, « rassemblement »

« Ce grand meeting ne réunit pas seulement la liste Renaissance mais tous les alliés, tous les démocrates, progressistes, libéraux, centristes, réformateurs, qui ensemble, avec votre projet, vont essayer de réformer l’Europe après le 26 mai », a ainsi déclaré l’ancien Premier ministre belge Guy Verhofstadt, qui a accepté de saborder le groupe ALDE (Alliance des libéraux et démocrates européens) qu’il préside à Strasbourg, pour fonder un nouveau groupe en collaboration avec Emmanuel Macron. « Avoir des gens qui viennent des quatre coins de l’Europe, c’est exactement ce que nous voulons : une Europe unie. Les populistes cherchent ce qui nous divise, nous au contraire, on cherche ce qui nous rassemble », a abondé Eva Poptcheva, candidate de Ciudadanos.

Des propos salués par Nathalie Loiseau, qui a remercié les représentants de chaque parti allié. « Du Nord et du Sud de l’Europe, de l’Est et de l’Ouest, ils sont venus nous dire qu’ils voulaient donner un nouveau souffle, une nouvelle énergie, un nouveau cap à l’Union européenne (…) Ensemble, nous formerons un groupe central ici, au Parlement européen, sans lequel rien ne sera possible », a-t-elle déclaré lors d’un discours mettant en avant les « valeurs » du continent et mettant en garde contre un retour du « fascisme » en Europe.

Avec l’appui de ses futurs alliés, LRM entend constituer une force incontournable pour bâtir une majorité au Parlement européen. Et ainsi casser la domination exercée par le Parti populaire européen (PPE, centre-droit) et les Socialistes et démocrates (SD) dans cette institution depuis quarante ans.

Personne n’oublie l’enjeu national

Mais avant cet objectif européen, LRM veut arriver en tête en France. Or, pour l’instant, l’ensemble des récents sondages donnent la formation macroniste au coude-à-coude avec le Rassemblement national (RN). Pour donner un coup de pouce à la liste de la majorité, le premier ministre Edouard Philippe a de nouveau vanté les mérites de Mme Loiseau – comme il l’avait déjà fait le 6 mai, lors d’un précédent meeting à Caen – en la présentant comme « précise, calme, fiable, solide, compétente ». Et comme à Caen, le discours du chef du gouvernement a été brièvement interrompu par un opposant, qui s’est présenté comme un « gilet jaune », avant d’être expulsé de la salle.

Alors que la tête de liste est critiquée pour son côté « techno » et son manque de flamboyance, le chef du gouvernement a préféré mettre en avant sa compétence : « La capacité de travail, le sérieux ne sont pas les qualités les plus spectaculaires mais ce sont les plus importantes quand on veut marquer des points au Parlement européen. » Dans la même veine, M. Raffarin a également souligné « la solidité » de l’ex-juppéiste.

De quoi redonner confiance aux troupes. « On montre que notre liste rassemble largement et qu’on a réussi à fédérer autour de nous des gens issus aussi bien de la social-démocratie, que du centre-droit ou de l’écologie », se félicite le délégué général des Jeunes avec Macron, Martin Bohmert. Un enthousiasme partagé par le député LRM, Pieyre-Alexandre Anglade, porte-parole de la liste macroniste : « Avoir à nos côtés des Européens qui se battent pour la refondation du projet européen, mais aussi de grandes voix françaises pro-européenne comme Jean-Pierre Raffarin, montre qu’au-delà des intérêts partisans, le 26 mai est l’occasion de faire réussir le projet européen et celui du président de la République pour porter la voix de la France. »

Même s’il était absent, la figure de M. Macron était dans toutes les têtes. Le meeting s’est notamment ouvert par un clip de campagne avec en voix off, celle du chef de l’État, appelant à « une Europe plus forte ». Et malgré la volonté de souligner le caractère européen de cette élection, personne n’oublie l’enjeu national. « S’il y a une victoire claire et nette de la liste que soutient le président de la République, il ressortira renforcé pour peser en Europe », a ainsi fait valoir le ministre de la culture, Franck Riester, devant des journalistes. Avant de conclure : « Et pour que la France soit forte, il faut que le président soit fort. »

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