La balle est dans leur camp. Mais les élus ne sont pas pressés de la saisir. Le projet de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) de supprimer de « 30 % à 50 % » de ses lits de gériatrie dans ses services de soins de longue durée, d’ici à 2024, place les départements de Paris, du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis devant leurs responsabilités. Le plan du premier CHU de France serait que les trois collectivités de gauche donnent rapidement leur accord de principe à l’ouverture de nouvelles maisons de retraite pour suppléer les lits hospitaliers qu’il entend fermer.

Mais le calendrier de l’AP-HP risque de devoir s’adapter à celui des élus. « Nous ne prendrons aucune décision avant la fin du mandat », réagit Galla Bridier, adjointe (EELV) chargée des seniors et de l’autonomie à la Mairie de Paris (à la fois ville et département). Le 19 avril, lors du conseil de surveillance de l’AP-HP qu’elle préside, Anne Hidalgo a exprimé ses inquiétudes face à la fermeture de plusieurs centaines de lits hospitaliers qui empêcherait de répondre aux besoins des personnes âgées très dépendantes. La maire de Paris n’a pas l’intention, surtout à quelques mois des municipales, d’acter ces coupes claires dans l’offre hospitalière sans poser ses conditions, s’agissant notamment des personnels concernés. « Pour autant, défendre le statu quo n’est pas satisfaisant. Cette réforme doit nous amener à réfléchir à des modes de prise en charge qui ne soient pas seulement la forme Ehpad », ajoute Anne Souyris, adjointe (EELV) chargée de la santé et des relations avec l’AP-HP.

« Désert médical »

Patron (PS) de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel n’est pas non plus pressé de cautionner le schéma de l’AP-HP. « On ne réglera pas la question de la prise en charge du grand âge par le biais d’annonces qui ressemblent à de petits ajustements technico-financiers », proclame -t-il. La Seine-Saint-Denis « est un désert médical. Il y a de moins en moins de médecins traitants qui se déplacent à domicile. Le maintien d’une gériatrie hospitalière est indispensable pour notre population de personnes âgées avec de faibles ressources ». Le contexte démographique appelle à « créer des places plutôt qu’à en fermer ».

Christian Favier, président (PCF) du Val-de-Marne, n’a pas prévu de financer de nouveaux Ehpad sur son département. L’AP-HP « nous met devant le fait accompli » déplore Brigitte Jeanvoine, vice-présidente chargée de l’autonomie, et « nous oblige à trouver des solutions pour répondre aux besoins ». Mais, prévient-elle, « cela ne se fera pas en six mois, contrairement à ce pense l’AP-HP ».