Dimanche, le groupe allemand Bayer, qui a racheté en 2018 Monsanto, a présenté ses excuses. / JOHN THYS / AFP

Les poursuites se multiplient. L’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ont annoncé à leur tour, lundi 13 mai, leur décision de porter plainte après la révélation d’un fichage illégal pour le groupe d’agrochimie Monsanto de centaines de personnalités concernant notamment leur position sur le glyphosate. « La constitution de ces fichiers est inacceptable », indiquent-ils dans un communiqué commun.

Les noms de plusieurs chercheurs et dirigeants de l’INRA et du CNRS figurent dans les fichiers établis par l’agence Fleishman-Hillard pour le compte de la société Monsanto, confirment lundi les deux organismes, qui « protestent contre une telle utilisation de données personnelles et expriment leur indignation face à ces pratiques » :

« Un débat public serein sur l’utilisation des pesticides en général et du glyphosate en particulier est nécessaire. Les chercheurs de l’INRA et du CNRS y contribuent, sur la base d’expertises collectives et transparentes. »

« Un moyen frauduleux, déloyal ou illicite »

Vendredi, dès le lendemain des révélations concernant ces fichiers, la justice française a ouvert une enquête sur des soupçons de fichage illégal, pour le compte du géant américain Monsanto, de centaines de personnalités et médias, concernant notamment leur position vis-à-vis du glyphosate, des OGM, ou leur propension à être influencés.

Cette enquête fait suite à une première plainte déposée le 26 avril par Le Monde et l’un de nos journalistes, qui figurait dans les fichiers incriminés. Elle vise quatre chefs de délit, dont notamment le chef de « collecte de données personnelles par un moyen frauduleux, déloyal ou illicite » dans ses investigations.

Après avoir présenté dimanche ses excuses, le groupe allemand Bayer, qui a racheté en 2018 Monsanto, a indiqué lundi que ce type de fichiers existait « très probablement » dans d’autres pays européens que la France. Les documents en question datent de 2016, c’est-à-dire avant le rachat par Bayer du géant américain des pesticides et des OGM.