Le chef de l’organisation djihadiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS), ex-branche syrienne d’Al-Qaida, a lancé dans une vidéo diffusée dimanche 12 mai un appel à « prendre les armes » pour défendre son bastion d’Idlib, dans le nord du pays. « Nous appelons quiconque est capable de prendre les armes (...) à partir pour le champ de bataille », déclare dans cette vidéo Abou Mohammad al-Jolani.

Depuis fin avril, les forces du régime syrien de Bachar al-Assad et l’aviation russe ont intensifié leurs bombardements contre le sud de la province d’Idlib, contrôlée par HTS. Et ce malgré un accord signé en septembre par la Turquie, qui soutient les rebelles, et la Russie pour faire d’Idlib une « zone tampon ».

Cette intensification de l’offensive signifie « la mort de tous les accords antérieurs » et montre qu’« on ne peut faire confiance qu’aux djihadistes et à la force militaire », a déclaré Jolani dans la vidéo. Cette vidéo a été réalisée sous forme d’interview, dans un lieu présenté comme étant la campagne au nord de la province de Hama. Abou Mohammad al-Jolani y apparaît vêtu d’un treillis, assis en tailleur dans l’herbe.

180 000 déplacés

L’accord sur Idlib, où vivent quelque trois millions de personnes, n’a jamais été véritablement respecté. Les djihadistes ont toujours refusé de se retirer de la « zone tampon » et, ces dernières semaines, Damas et son allié russe ont abondamment bombardé le sud de la province et repris le contrôle de plusieurs villes.

Selon les Nations unies, cette offensive a fait quelque 180 000 déplacés entre le 29 avril et le 9 mai. L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), basé en Grande-Bretagne, a fait état d’environ 120 morts.

Le régime syrien et la Russie accusent les djihadistes de prendre pour cible la principale base aérienne russe dans le pays, située à Hmeimim, à l’ouest d’Idlib. « Les révolutionnaires ont le droit de bombarder cette base qui cause la mort de (...) femmes et d’enfants », affirme Jolani dans la vidéo. « Si le commandement russe veut que le bombardement sur Hmeimim s’arrête, il doit simplement arrêter de soutenir le régime et de tuer le peuple syrien et des civils », a-t-il ajouté.

HTS, anciennement connu sous le nom de Front al-Nosra, a rompu en 2016 avec Al-Qaida à qui il avait prêté allégeance en 2013. Le groupe jihadiste compterait quelque 30 000 hommes, selon l’OSDH.