Au Soudan, une nouvelle étape vient d’être franchie dans le changement de régime politique. Près d’un mois après la destitution du président Omar Al-Bachir par l’armée, les généraux soudanais et les représentants de la contestation populaire sont parvenus à un accord, lundi 13 mai, sur un nouveau « conseil souverain » qui va remplacer le Conseil militaire actuellement au pouvoir.

« Au cours de la réunion d’aujourd’hui, nous nous sommes mis d’accord sur la structure des organes [de transition] et leurs prérogatives », a déclaré Taha Osman, un porte-parole des protestataires à l’Agence France-Presse (AFP). Ces organes sont un « conseil souverain, un cabinet et une assemblée législative », a-t-il précisé. « Les discussions de demain [mardi] vont porter sur la durée de la période de transition et la composition du [nouveau] conseil [et des deux autres organes] », a-t-il ajouté.

Ce même lundi, Omar Al-Bachir – arrêté le 11 avril –, a été inculpé aux côtés d’autres personnalités « pour incitation et participation au meurtre de manifestants » pendant les protestations contre son régime, a précisé le procureur général soudanais. L’inculpation de l’ancien président, actuellement emprisonné à Khartoum, fait suite à une plainte déposée pour la mort d’un médecin durant des protestations à Burri, un quartier de l’est de la capitale. Dans son communiqué, le procureur général a recommandé l’« accélération des enquêtes sur les meurtres d’autres manifestants ».

Vers une autorité conjointe entre civils et militaires

Le Soudan est en proie depuis le 19 décembre à un mouvement de contestation inédit, d’abord pour dénoncer le triplement du prix du pain, avant de se muer en contestation contre Omar Al-Bachir, qui dirigeait, jusqu’à sa destitution, le pays d’une main de fer depuis près de trois décennies. Selon une association de médecins proche de la coordination des protestataires, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), 90 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre depuis le début des manifestations. Les autorités parlent, elles, d’un bilan de 65 morts.

L’arrestation du président Bachir, remplacé au pouvoir par un Conseil militaire de transition, n’a pas fait cesser la contestation. Les opposants, qui participent jour et nuit depuis des semaines à un sit-in devant le siège de l’armée à Khartoum, réclament un pouvoir civil et le jugement de l’ancien président et des principaux responsables de son régime.

Un premier compromis avait été trouvé fin avril entre les représentants de la contestation et ceux du Conseil militaire de transition pour instaurer une autorité conjointe entre civils et militaires. Les deux parties divergeaient notamment sur la composition de cet organe : l’ALC, qui réunit les meneurs de la contestation, veut qu’il soit dominé par les civils, tandis que l’armée cherche à ce qu’il comprenne une majorité de militaires. Les généraux souhaitent une période de transition de deux ans, tandis que les protestataires veulent que cette période s’étende sur quatre ans.