Pour la première fois, deux frères - Seth et Stephen Curry - vont s’affronter en finale de conférence NBA. / Kyle Terada / USA TODAY Sports

Ils vont tirer à pile ou face avant chaque match. Accoutumés à encourager leurs rejetons, Stephen et Seth, l’ancien basketteur américain Dell Curry et son épouse Sonya se retrouvent face à un dilemme : leurs deux garçons vont s’affronter en finale de Conférence Ouest de la NBA - une première pour deux frères.

Stephen Curry, le meneur des Golden State Warriors, accueillera son cadet, Seth, remplaçant des Portland Trail Blazers, mardi 14 mai, dans le premier match de la série (au meilleur des sept matchs). Pour les parents, c’est donc une pièce qui déterminera, à chaque rencontre, lequel d’entre eux soutiendra les Warriors, et lequel les Blazers.

« Les Curry sont incroyables, s’amuse Steve Kerr, l’entraîneur des Warriors, doubles champions NBA. C’est un peu la famille royale de la NBA. Ils voyagent partout pour voir leurs fils, et Stephen et Seth connaissent le succès. Bien sûr, il y aura une situation de conflit pour eux pendant deux semaines, mais quelle belle histoire. »

Voie royale contre saisons de galère

Les carrières des deux frères sont loin d’avoir suivi la même trajectoire. Là où Stephen, 31 ans, a suivi un chemin pavé d’or à Golden State, s’érigeant en l’un – sinon le – des meilleurs shooteurs de l’histoire et remplissant son armoire à trophées (trois titres, deux trophées de MVP, le meilleur joueur de la saison), Seth, 28 ans, a peiné à faire son trou en NBA.

Non-drafté en 2013, à la sortie de l’université, celui qui a longtemps été cantonné rôle au « frère de Curry » a entamé sa carrière en G-League, la ligue de développement de la NBA, et enchaîné les blessures et les passages brefs dans la grande ligue.

Si son coach à Sacramento, George Karl, estimait en 2016 qu’il « ne restera (it) qu’une paire d’années en NBA », Seth s’est installé plus durablement dans la Ligue à partir de la saison 2015-2016. Celle qui a vu son grand frère faire tomber le record historique de victoires en saison régulière de la NBA avec son équipe des Warriors.

« On a une relation assez classique entre deux frangins, a souri Stephen Curry lundi après l’entraînement des Warriors. On a beaucoup joué l’un contre l’autre enfants, et il n’arrêtait pas de m’accuser de triche. » Aîné de deux ans, il avait l’avantage de la taille sur Seth, mais ce dernier « n’était pas simple à jouer ».

En 2015, dans son discours après avoir reçu le titre de MVP (meilleur joueur) de la saison, le meneur de Golden State avait remercié son cadet pour l’incessant challenge qu’il avait apporté, et détaillé « les batailles » fratricides à l’arrière de la maison familiale.

« Nos matchs duraient toute la nuit, et ne s’arrêtaient que pour deux raisons : maman venait nous dire que les rebonds de la balle dérangeaient les voisins car il était tard, ou tu t’énervais car je te battais. »

Stephen Curry avait également salué l’évolution de son frère, dont la carrière professionnelle débutait à peine. « Ce n’est pas facile d’avoir un grand frère qui joue en NBA, après ton père. Et la manière dont tu le gères, c’est impressionnant. »

Duels à trois points dans un gymnase

Chez les Curry, on a le shoot à trois points dans le sang. Comme leur père Dell, ancien sniper des Charlotte Hornets, Stephen et Seth ont construit leur carrière sur le tir à longue distance. Et ont pris l’habitude, alors que le cadet était encore à l’université, de passer l’été à peaufiner leur tir en s’affrontant dans un gymnase de Charlotte (Caroline du Nord) avec Anthony Morrow, vétéran NBA originaire de la ville.

« Ces entraînements étaient spéciaux », a souligné Seth, en février, en marge du All Star Game (match annuel opposant les meilleurs joueurs des Conférences Est et Ouest), qui a vu les deux frères s’affronter lors du concours de tirs à trois points. « Cela a été une clé de mon développement. » Dès qu’un joueur ratait un tir, il était éliminé, et les deux frères pouvaient enchaîner jusqu’à 28 tirs chacun avant un raté.

Le tir à trois points coule dans les veines des frères Curry. / Kyle Terada / USA TODAY Sports

Dans la mythologie égyptienne, le dieu Seth s’oppose à son frère Osiris, qui règne sur le royaume, et finit par le tuer pour prendre sa place sur le trône. La comparaison paraît aisée avec les frères Curry, tant Stephen incarne désormais la ligue nord-américaine.

Mais si l’histoire de Stephen ressemble à un conte de fée et celle de Seth est plus contrastée, le cadet refuse d’être cantonné au rôle de « frère de ». « Evitez d’écrire une nouvelle fois que j’essaie de sortir de l’ombre de Steph, requérait-il en février, dans un long portrait publié par le site américain The Athletic. Tout le monde veut me faire dire ça, ça a été écrit des millions de fois. »

Solide remplaçant des Blazers, Seth Curry devrait jouer un rôle important dans la série face aux doubles champions en titre. Habitué à passer le mois de mai à encourager son aîné depuis les tribunes – il dispute ses premiers playoffs –, le sniper de l’Oregon peine encore à réaliser. « Affronter Stephen en playoffs, c’est un rêve qui se réalise pour nous deux, mais aussi pour nos familles qui vont prendre beaucoup de plaisir. »

Si, lors du All Star Game, les deux frères avaient misé entre eux sur le résultat du concours à trois points, pas de pari pour les playoffs. « Nul besoin, souffle Stephen, l’enjeu est déjà assez énorme. Le vainqueur remporte la conférence Ouest et représentera son équipe en finale NBA ».

Match 1 : à Golden State, dans la nuit de mardi à mercredi (3 heures)
Match 2 : à Golden State, jeudi 16 mai (à 3 heures)
Match 3 : à Portland, samedi 18 mai (à 3 heures)
Match 4 : à Portland, lundi 20 mai (à 3 heures)
Match 5 : à Golden State, mercredi 22 mai (si nécessaire)
Match 6 : à Portland, vendredi 24 mai (si nécessaire)
Match 7 : à Golden State, dimanche 26 mai (si nécessaire)