Voici des mois que les associations qui défendent les droits des personnes LGBT tirent le signal d’alarme sur une augmentation des agressions violentes. Les chiffres de la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) rendus publics mardi 14 mai le confirment. En 2018, 1 378 infractions à caractère homophobe – une circonstance aggravante en droit pénal – ont été enregistrées par les services de police et de gendarmerie, contre 1 026 en 2017, soit une augmentation de 34,3 %. Pour près d’un tiers d’entre eux (30 %), il s’agit de violences physiques, y compris sexuelles.

« C’est le signe d’un double mouvement, estime Frédéric Potier, à la tête de la Dilcrah. D’un côté, celui d’une capacité plus forte à déposer plainte, avec des victimes qui témoignent davantage, et sont mieux reçues dans les commissariats. De l’autre, malgré une société globalement plus tolérante, c’est l’expression d’une montée du rejet de l’autre, une tentation de repli assez nette qui s’inscrit dans un contexte plus large d’augmentation des violences identitaires, comme la hausse de l’antisémitisme. »

Augmentation attendue

Parmi les victimes, 75,4 % sont des hommes. Une donnée qui semble aller à rebours de l’augmentation des témoignages de lesbophobie (+ 42 %) signalés par SOS-Homophobie dans son rapport annuel. En réalité, les femmes sont moins enclines à porter plainte. Enfin, les jeunes sont davantage représentés avec 59 % de victimes de moins de 35 ans, précisent les services statistiques du ministère de l’intérieur.

Cette augmentation était attendue, mais pas dans de telles proportions. Fin octobre 2018, au détour d’une visite dans les locaux de l’association SOS-Homophobie, le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner, avait évoqué une hausse de 15 % des agressions sur les six premiers mois de 2018, ce qui laisse supposer une accélération des plaintes en fin d’année. Un phénomène corroboré par les remontées de terrain des associations.