C’est une défection qui tombe au plus mal pour La France insoumise (LFI). Andrea Kotarac, élu régional en Auvergne-Rhône-Alpes, ancien membre de l’équipe présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2017, a déclaré à Eléments (revue de la nouvelle droite) puis à BFM-TV mardi 14 mai, qu’il quittait sa formation et qu’il appelait à voter pour la liste du Rassemblement national (RN), emmené par Jordan Bardella, lors des élections européennes du 26 mai.

« Etant né en 1989, je dois vous avouer être assez peu sensible aux tabous posés par la gauche des années 1980. Ma seule boussole, c’est la défense de la souveraineté populaire et de la justice sociale, énonce M. Kotarac dans son entretien à Elements. Or, je constate que les élections européennes sont l’occasion unique de faire un choix : soit conforter Macron et sa politique de casse sociale qui prépare l’avènement d’une Europe fédérale ; soit voter utile pour la seule liste capable de le battre au soir du 26 mai. »

« Ainsi, mon choix est fait : je voterai pour la liste menée par Jordan Bardella et Marine le Pen. Je suis d’autant plus à l’aise qu’ayant rencontré la présidente du Rassemblement national, je suis assez en phase avec sa fibre sociale et son attachement au caractère indivisible de la nation française. »

Le choix de cette revue n’est pas neutre. Né à la fin des années 1960, c’est le navire amiral de la nouvelle droite, école de pensée qui se situe entre droite et extrême droite, et qui veut lier combat politique et combat culturel. Il arrive régulièrement que des figures de la gauche intellectuelle de tendance « souverainiste » ou « patriote » s’y expriment.

« Barrage »

Sur l’antenne de BFM-TV, M. Kotarac ajoute, mardi soir : « Je n’adhère pas au RN mais le contexte politique actuel nécessite un barrage à Emmanuel Macron. Si Emmanuel Macron est en tête, il va accélérer ses réformes antisociales », a ajouté l’élu. Selon lui, LFI aurait « oublié [la] pensée souverainiste, républicaine, laïque (…) la pensée de Jean-Luc Mélenchon est minoritaire au sein de La France insoumise ». Puis : « J’ai vu une balkanisation, une communautarisation de la société française, j’ai vu des concepts diviseurs s’installer au sein de LFI : réunion réservée aux femmes, écriture inclusive. » Il a également assuré qu’il « rendrait son mandat » de conseiller régional.

Depuis quelques semaines, le nom d’Andrea Kotarac mettait LFI dans l’embarras. Sa participation à une réunion à Yalta, en Crimée, grand rendez-vous annuel du soft power russe, et où se trouvaient également Thierry Mariani (RN) et Marion Maréchal Le Pen, avait jeté le trouble dans l’organisation populiste de gauche.

Mardi soir, très peu de dirigeants s’exprimaient sur le cas Kotarac (qui se vantait d’avoir l’oreille de M. Mélenchon sur les dossiers internationaux). Certains rappellent son engagement contre l’extrême droite dans ses jeunes années. Le député européen Younous Omarjee ne cachait pas son désarroi et ses interrogations :

« La politique est-elle la vraie raison de son ralliement ? Ou existe-t-il d’obscures motivations ? Que s’est-il passé lors de son voyage en Crimée ? Une partie de la réponse s’y trouve peut-être… »

Le Rassemblement national, quant à lui, ne boude pas son plaisir d’avoir une nouvelle prise de guerre. Dans un communiqué, le parti d’extrême droite félicite Andréa Kotarac, pour son « courage et [sa] lucidité ».