Le cinéaste français, Luc Bessin, en février 2018. / STEFANIE LOOS / AFP

Les affres de Valérian et la cité des mille planètes ont eu l’effet d’une météorite sur l’univers de Luc Besson. Ce long-métrage d’un budget astronomique – 197 millions d’euros – a pris un tel bouillon aux Etats-Unis, conjugué à une série de revers cuisants outre-Atlantique – que l’effet de boomerang sur la société du cinéaste a été désastreux. Par jugement du lundi 13 mai, le tribunal de commerce de Bobigny, a ouvert une procédure de sauvegarde à l’égard d’EuropaCorp S.A pour une durée initiale de six mois.

Le conseil d’administration et la direction générale d’EuropaCorp ont estimé que cette procédure permettrait « de négocier les termes d’un assainissement de la situation financière de la société via une restructuration de sa dette et de son capital, tout en poursuivant sereinement son activité ». Mi-décembre 2018, l’entreprise avait affiché un recul de son chiffre d’affaires de 42 % à 81,4 millions d’euros au premier semestre de son exercice décalé 2018-2019 et les pertes s’étaient creusées à hauteur de à hauteur de 88,9 millions contre 70,6 millions au premier semestre de l’exercice précédent. Le groupe prévenait alors les investisseurs que 2018-2019 serait « significativement déficitaire ».

Intégralité du passif de la société

La procédure de sauvegarde ouverte concerne l’intégralité du passif de la société, et non seulement son passif financier. « L’entrée en sauvegarde d’EuropaCorp a été préparée avec les prêteurs senior et junior qui ont donné leur assentiment à la mise en œuvre d’une telle procédure en accordant un waiver [c’est-à dire que l’emprunteur accepte les difficultés du créancier à honorer sa dette dans les délais initialement fixés et espère qu’une solution pourra être trouvée] à EuropaCorp, ce qui est rare », souligne le communiqué. En temps utile, la société procédera à une information du marché sur l’issue de ses négociations qu’elle entend poursuivre avec les prêteurs et d’autres investisseurs potentiels. La cotation du titre EuropaCorp sur Euronext Paris, qui avait été suspendue à compter du 6 mai après la clôture du marché, reprendra le 14 mai à l’ouverture du marché.

Fondé en 1999, EuropaCorp essaye aujourd’hui par tous les moyens d’assainir ses finances. En janvier 2015, le groupe annonçait un plan de sauvegarde de l’emploi en France, avant de céder des pans entiers de ses activités. En 2016, le groupe vendait ses multiplexes. Médiawan a racheté 80 % du pôle audiovisuel du groupe (hors séries américaines) en janvier 2018. Son catalogue de films, Roissy Films a été repris par Gaumont en mars.

EuropaCorp, qui se félicite d’avoir produit depuis 2000, huit des vingt plus grands succès français au box-office mondial est aujourd’hui au bord de la faillite. La sortie du prochain long-métrage de Luc Besson, Anna, avait été reportée après les déboires judiciaires du réalisateur. Ce sera le premier film depuis la plainte de la comédienne Sand van Roy en mai 2018 l’accusant de viols. Cette plainte avait été classée sans suite par le parquet de Paris fin février, mais une nouvelle enquête, confiée le 21 février à la direction de la police judiciaire sur des faits d’agression sexuelle survenus en 2002 – donc prescrits – vise toujours le cinéaste.