Le président sénégalais, Macky Sall, le 24 février 2019 à Fatick (Sénégal). / ZOHRA BENSEMRA / REUTERS

Le poste de premier ministre n’existe plus au Sénégal, suite à une réforme controversée voulue par le président Macky Sall dès le début de son second mandat. Mardi 14 mai, un communiqué du gouvernement indique que « M. le président de la République a promulgué ce jour la loi constitutionnelle portant suppression du poste de premier ministre ».

Macky Sall avait surpris en annonçant cette réforme, qu’il n’avait pas évoquée pendant la campagne pour la présidentielle du 24 février, deux jours après avoir prêté serment pour un second mandat début avril. Elle a été adoptée par les députés le 4 mai à une très large majorité.

Selon le communiqué du gouvernement, les 32 ministres et trois secrétaires d’Etat, nommés le 6 avril, sont tous reconduits, sans leur ancien chef Mahammed Boun Abdallah Dionne, homme de confiance de Macky Sall, qui restera son bras droit en tant que secrétaire général de la présidence de la République.

Caractère présidentiel renforcé

Censée fluidifier le fonctionnement de l’Etat, la suppression du poste de premier ministre établit un nouvel équilibre entre les pouvoirs en renforçant le caractère présidentiel du régime sénégalais. L’opposition et des organisations de la société civile y voient une tentative de mainmise de Macky Sall sur les principaux rouages de l’Etat.

Le président sénégalais affirme vouloir retisser des liens avec l’opposition et a annoncé la relance, le 28 mai, d’un « dialogue national », afin notamment de discuter de la création d’un organe indépendant pour organiser les élections et d’un futur statut de « chef de l’opposition », d’une réforme du système de parrainage ou encore de la date des prochaines élections locales, prévues en juin mais reportées à décembre.

Le Parti démocratique sénégalais (PDS, opposition) de l’ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012) a toutefois indiqué qu’il ne participerait pas à ce dialogue, placé sous l’égide du ministre de l’intérieur, Aly Ngouille Ndiaye, qu’il juge partial.

Par ailleurs, Macky Sall a nommé, mardi, à la tête du Conseil économique, social et environnemental Aminata Touré, marquant le retour en grâce de cette ancienne première ministre, écartée en 2014 après sa défaite aux municipales de Dakar face à l’opposant Khalifa Sall.

Le Sénégal, qui fait figure de modèle démocratique en Afrique, s’était déjà passé de premier ministre dans les années 1960 sous la présidence de Léopold Sédar Senghor et au début des années 1980 sous celle d’Abdou Diouf.