Des panneaux électoraux en vue des élections européennes du 26 mai. / PASCAL GUYOT / AFP

Un débat qui fait fuir les débatteurs. Benoît Hamon (Génération. s), Jean-Christophe Lagarde (UDI) et Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), tous trois têtes de listes pour les élections européennes, se sont réunis mercredi 15 mai devant France Télévisions pour protester contre leur relégation en deuxième partie d’une émission dédiée au scrutin du 26 mai.

France 2 et France Inter organisent le 22 mai un débat entre quinze responsables politiques, un rendez-vous important à quatre jours du vote. La chaîne a décidé de diviser le débat en deux temps, d’abord entre Marine Le Pen (Rassemblement national, RN), Stanislas Guérini (La République en marche, LRM), Laurent Wauquiez (Les Républicains, LR), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste/Place publique), Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts) et Manon Aubry (La France insoumise).

Puis, vers 22 h 30, sont prévus Ian Brossat (Parti communiste), François Asselineau (UPR), Francis Lalanne (Gilets jaunes), Dominique Bourg (Urgence Ecologe), Florian Philippot (Patriotes), Nathalie Arthaud (LO), MM. Lagarde, Hamon et Dupont-Aignan, tous en dessous de 5 % d’intentions de vote dans les sondages.

« Un coup politique considérable »

Ces trois derniers assurent qu’ils boycotteront le débat, si le dispositif imaginé n’est pas modifié. M. Brossat a pour sa part déjà fait savoir qu’il allait saisir le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) et « suspendre » sa participation au débat qui, selon lui, « veut faire l’élection à la place des électeurs ».

« Si nous sommes tous les trois ici, alors que nous avons des opinions divergentes, pour dire que c’est inacceptable, c’est que c’est vraiment un scandale démocratique », a déclaré M. Dupont-Aignan devant France Télévisions.

Pour ces candidats, plusieurs formats étaient possibles : tirer au sort les participants, commencer les débats plus tôt, vers 20 h 15, ou organiser un rendez-vous à douze comme cela avait été fait par France 2 lors du premier débat télévisé de la campagne.

« Alors que dans ce scrutin les Français se décident la dernière semaine, nous invisibiliser c’est un coup politique considérable », a soutenu Benoît Hamon.

Les candidats ont également exigé la présence des têtes de listes de LRM (Nathalie Loiseau), RN (Jordan Bardella) et LR (François-Xavier Bellamy), remplacées dans cet exercice par les chefs de leurs partis. « Ils ont peur que leurs candidats ne soient pas à la hauteur ? », ont interrogé les responsables politiques.

« Proposer des émissions claires »

La chaîne a déclaré mardi avoir respecté les conditions d’équité prescrites par le CSA qui se basent notamment sur le nombre de soutiens de parlementaires, l’implication dans la campagne et les intentions de vote.

Sur France Inter, Catherine Nayl, la directrice de l’information de la station, a, elle, insisté sur le fait que chacune des quinze personnalités invitées aurait le même temps de parole, quelle que soit la tranche horaire à laquelle elle s’exprimera.

« Dans l’absolu, il serait sans doute un exercice beaucoup plus démocratique d’inviter trente-quatre candidats puisqu’il y a trente-quatre listes pour ces européennes. Mais notre rôle, à nous, c’est de proposer des émissions claires, audibles, où l’on prend le temps d’aborder les problèmes sur le fond. Et nous ne rendons certainement pas ce service à nos auditeurs lorsque nous avons dix ou quinze femmes et hommes politiques en même temps, dans la même émission. »

En avril, un débat diffusé sur France 2 et France Inter avait tourné au bras de fer judiciaire entre France Télévisions et plusieurs têtes de listes. D’abord prévu à neuf, il avait été élargi à douze sous la pression de trois candidats, à coup de procédures judiciaires : Benoît Hamon, François Asselineau et Florian Philippot. France 2 avait fini par gagner en appel devant le Conseil d’Etat, la haute instance judiciaire ayant tranché que la chaîne était libre de choisir ses invités.