Antoine Griezmann, le 9 février à Madrid. / PIERRE-PHILIPPE MARCOU / AFP

« J’ai pris la décision de partir, pour voir d’autres choses et relever d’autres défis. » C’est par ces mots dans un message vidéo publié sur le compte Twitter de l’Atlético de Madrid qu’Antoine Griezmann a annoncé son départ du club espagnol mardi 14 mai. Un an après sa mise en scène remarquée dans un petit film où il lui fallait trente minutes pour couper court à la rumeur d’un possible transfert au FC Barcelone, le Français est apparu, cheveux en bataille, pour remercier les supporteurs du club qui lui a apporté ses « premiers trophées importants ».

Avant de signer chez les Colchoneros, l’attaquant n’avait connu que la Real Sociedad, chez les jeunes et chez les pros, depuis 2005. A l’été 2014, il a 23 ans quand il s’engage chez les champions d’Espagne madrilènes. Il ne tarde pas à marquer les esprits en délivrant des passes décisives dès ses premiers matchs, notamment lors de la finale de la Supercoupe d’Espagne remportée face au Real Madrid. Le même Real qui avait battu l’Atlético quelques mois plus tôt en finale de la Ligue des champions aux tirs au but.

Depuis, Griezmann a non seulement bien grandi mais il est entré dans une autre dimension, devenant une véritable figure du club. Avec un bilan de 133 buts en 256 matchs, il fait aujourd’hui partie des cinq meilleurs buteurs de l’histoire de l’Atlético, devant la légende du club, Fernando Torres.

Une réputation à l’international

Parmi ses faits d’armes, son rôle-clé dans les épopées européennes des Madrilènes. D’abord, en Ligue des champions, en 2016, en inscrivant sept buts pour atteindre la finale. Un parcours qui a laissé un goût d’inachevé après une nouvelle défaite aux tirs au but, deux ans après la première, face aux mêmes voisins ennemis du Real Madrid. Puis, en 2018, en Ligue Europa, avec un doublé en finale face à l’Olympique de Marseille. Il s’offre alors son premier sacre européen, le troisième pour l’Atlético après 2010 et 2012.

Une ombre au tableau néanmoins, les Madrilènes n’ont plus remporté le championnat espagnol depuis qu’il est arrivé en 2014. La faute aux ogres du FC Barcelone et du Real Madrid et leurs flopées de stars qui règnent depuis sans partage sur la Liga.

Cette montée en puissance lui a permis de se faire un nom parmi les grands et d’entrer dans la course au Ballon d’or en 2016 et 2018. Mais cela n’est pas encore assez pour impressionner le jury. L’an dernier, malgré un trophée européen en club, et surtout une Coupe du monde avec l’équipe de France, il a une nouvelle fois échoué à la troisième place derrière le Croate Luka Modric et le Portugais Cristiano Ronaldo.

Son entraîneur Diego Simeone, arrivé à l’Atlético en 2012, a apporté stabilité et discipline au club. Il a fait de Griezmann un élément essentiel dans son système de jeu et il ne tarit pas d’éloges à son sujet. « Quand Antoine est lucide et dans une bonne forme physique, il n’y a pas au monde un joueur capable de comprendre et d’interpréter le football comme lui », avait-il glissé lors d’une interview à France Football en novembre 2018. Au point de le nommer capitaine cette saison, qui fut pourtant en demi-teinte pour le joueur et le club.

Franchir un nouveau cap

Auteur de 19 buts toutes compétitions confondues, le Français enregistre sa saison la moins prolifique depuis son arrivée en 2014. Côté résultats, la deuxième place en Liga ne peut faire oublier la désillusion de l’élimination en huitièmes de finale en Ligue des champions. Malgré une victoire 2-0 au match aller, les Madrilènes se sont fait balayer par l’impitoyable Cristiano Ronaldo, auteur d’un triplé (3-0) qui a envoyé la Juventus de Turin en quarts.

Pour l’Atlético, on sent la fin d’une ère. En quelques semaines, le club a enregistré les départs de plusieurs cadres de l’équipe comme les défenseurs Lucas Hernandez et Diego Godin. Celui d’Antoine Griezmann suit presque logiquement, comme le serait son transfert au FC Barcelone, qui le courtisait déjà l’an dernier. A 27 ans, son ambition est à peine cachée. Après avoir laissé son empreinte sur la scène européenne avec l’Atlético en Ligue Europa, le Français vise plus haut. Une Coupe aux grandes oreilles qui pourrait lui ouvrir les portes de ce Ballon d’or qui lui échappe depuis 2016.