Des compagnons de route de François Mitterrand dénoncent dans une lettre les propos de Raphaël Glucksmann, tête de liste aux élections européennes, accusant l’ancien président de responsabilités dans le génocide au Rwanda, a-t-on appris auprès du Parti socialiste (PS), confirmant une information du Canard enchaîné.

Vingt-trois anciens ministres dont Edith Cresson, Hubert Védrine, Roland Dumas, Jack Lang et Paul Quilès interpellent le PS et demandent des excuses publiques en réponse aux propos de celui qui mène la liste de leur parti, en duo avec Place publique en vue du scrutin du 26 mai.

« Rien, absolument rien, ne peut justifier les accusations de complicité de génocide relayées par M. Glucksmann, alors qu’il s’exprime aujourd’hui au nom des socialistes », peut-on lire dans cette missive datée du 9 mai.

Les signataires demandent au premier secrétaire du PS, Olivier Faure, de « convaincre Raphaël Glucksmann de retirer ses insultes et accusations infondées envers François Mitterrand ». « En cas de refus, nous souhaitons que tu trouves les formes appropriées pour désavouer ses propos », ajoutent-ils.

Réponse d’Olivier Faure, mercredi sur France Inter : « Il y a encore des versions très différentes qui circulent. Je souhaite que les archives puissent être ouvertes pour que chacun puisse se sentir à l’aise avec cette part de notre Histoire, une part forcément douloureuse. »

« Le plus grand scandale de la Ve République »

L’ancien premier ministre Bernard Cazeneuve, qui a signé la lettre, doit apporter publiquement son soutien à la liste Place publique-PS lors d’un meeting jeudi à Lyon.

Raphaël Glucksmann est l’auteur du documentaire, Tuez-les tous ! (2004), sur le génocide de 1994 au Rwanda, période pendant laquelle Hubert Védrine, l’un des signataires, était le secrétaire général de l’Elysée, où François Mitterrand terminait son deuxième mandat.

Tuez les tous ! Film Documentaire Sur Le Génocide au Rwanda
Durée : 01:35:04

« Franchement, c’est le plus grand scandale de l’histoire la Ve République. La France a armé, soutenu financièrement, soutenu politiquement des génocidaires », a-t-il notamment déclaré le 5 mai sur Radio J. « Je m’inscris dans les pas de François Mitterrand sur la construction européenne, la peine de mort, les mesures sociales de 1981, pas dans la politique africaine de la France », avait-il ajouté.

Le génocide perpétré par les Hutu a fait environ 800 000 morts parmi les Tutsi entre avril et juillet 1994 au Rwanda.