Des partisans de l’avortement manifestaient, mardi, devant le Parlement d’Alabama. / CHRISTOPHER ALUKA BERRY / REUTERS

Le Sénat de l’Etat de l’Alabama a adopté, mardi 15 mai, le projet de loi le plus restrictif des Etats-Unis sur l’avortement.

Le projet de loi avait été adopté au début de mai par la Chambre des représentants de l’Alabama. Le texte, que le Sénat contrôlé par les républicains a transmis au cabinet de la gouverneure républicaine de l’Etat, Kay Ivey, en vue de sa promulgation, ne prévoit pas d’exception en cas de viol ou d’inceste.

Les médecins pratiquant l’avortement seront passibles de peines de prison de dix à quatre-vingt-dix-neuf ans, sauf en cas d’urgence vitale pour la mère ou d’« anomalie létale » du fœtus.

L’Association de défense des droits civiques (ACLU) a annoncé son intention d’aller en justice pour empêcher l’application de ce texte. L’objectif avoué des promoteurs du texte est de se retrouver devant la Cour suprême des Etats-Unis, où Donald Trump a nommé Neil Gorsuch et Brett Kavanaugh deux juges conservateurs, pour la convaincre de revenir sur sa décision emblématique de 1973, « Roe v. Wade », qui a reconnu le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n’est pas viable.

« Vous venez de violer vous-même l’Etat de l’Alabama », a déclaré Bobby Singleton, membre démocrate du Sénat, après le rejet par les sénateurs d’un amendement demandant des exceptions à l’interdiction de l’avortement. « Vous dites à ma fille : tu ne comptes pas dans l’Etat de l’Alabama… Les hommes peuvent te violer et tu auras ce bébé si tu tombes enceinte », a-t-il ajouté, la voix parfois tremblante d’émotion.

Un droit combattu dans 28 Etats

Le texte est particulièrement répressif, mais vingt-huit Etats américains ont introduit plus de 300 nouvelles règles depuis le début de l’année afin de limiter l’accès à l’avortement, selon un décompte de l’Institut Guttmacher qui défend le droit des femmes à l’interruption volontaire de grossesse (IVG).

Le Kentucky et le Mississippi ont ainsi interdit les avortements dès que les battements du cœur du fœtus sont détectables, soit environ à la sixième semaine de grossesse. Des mesures comparables sont en passe d’adoption en Géorgie, dans l’Ohio, le Missouri et le Tennessee. Un juge a bloqué la mise en œuvre de la loi du Kentucky, celle du Mississippi doit entrer en vigueur en juillet.