Les Israéliens qui regardaient la première demi-finale du concours de l’Eurovision sur le site internet de la chaîne publique nationale Kan, mardi 14 mai dans la soirée, ont eu une drôle de surprise.

Au beau milieu de la cérémonie, organisée cette année à Tel Aviv, les images du concert ont été remplacées par des photographies satellites de ce qui avait tout l’air d’être une ville israélienne, et sur lesquelles on distinguait un nuage de fumée. Cette séquence était ponctuée de plusieurs messages, en anglais, dont certains similaires à ceux qu’utilise l’armée israélienne pour prévenir d’une attaque, ornés, en outre, de son logo. « Israël n’est pas sûr, vous verrez », proclamait l’un d’entre eux.

Piratage informatique

Le patron de la télévision publique, Eldad Koblenz, a écarté tout dysfonctionnement technique. Il s’agirait d’un piratage informatique, perpétré selon lui par le Hamas. « Quelqu’un, apparemment le Hamas, a pris le contrôle de la retransmission numérique. Nous avons réussi à surmonter l’attaque en quelques minutes. Je crois que c’est la victoire la plus rapide de l’histoire d’Israël sur le Hamas », a-t-il expliqué sur les ondes de la radio militaire.

Le nombre de spectateurs ayant été exposé à ces images demeure inconnu, mais il ne semble pas très important. Ce piratage ne concernait que le flux vidéo diffusé sur le site internet de la télévision publique, la retransmission télévisuelle classique, fournie par Kan à des dizaines de chaînes de télévision, n’a pas été affectée.

Kan n’a pas fourni de preuve de l’implication du Hamas

Kan n’a pas fourni de preuve de l’implication du Hamas, qui n’avait pas réagi, mercredi soir. Le concours de l’Eurovision a par ailleurs cette année été l’objet d’appels au boycott, notamment de la part d’une cinquantaine de personnalités britanniques, dont le chanteur Peter Gabriel et le cinéaste Ken Loach, ou encore du mouvement BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions).

Des manifestants protestent contre la tenue du concours de l’Eurovision en Israël, le 14 mai. / Corinna Kern / REUTERS

Ce piratage est loin d’être anodin, puisqu’il fait directement référence aux accès de violence qui embrasent régulièrement la région. Début mai, le Hamas et les groupes armés palestiniens de Gaza ont lancé sur le sud d’Israël des centaines de roquettes auxquelles l’armée israélienne a riposté en frappant des centaines d’objectifs dans l’enclave coincée entre Israël, Egypte et Méditerranée et soumise au blocus israélien. Quatre civils israéliens et vingt-cinq Palestiniens, dont au moins neuf combattants, ont été tués.

Le cessez-le-feu fragile qui a conclu cette poussée de fièvre a été rendu en partie possible par l’imminence de l’Eurovision, dont Israël entend profiter pour mettre en avant ses atouts.