Mercredi 15 mai, de nombreux chefs de gouvernement, et des représentants des grandes plates-formes du Web occidentales, étaient réunis à Paris pour lancer un « appel de Christchurch » destiné à mieux lutter contre les contenus terroristes sur Internet et les réseaux sociaux.

Les Etats-Unis n’ont soutenu que timidement cet appel : la Maison Blanche s’est dite en phase avec l’objectif du texte, présenté par Emmanuel Macron et Jacinda Ardern à l’Elysée, mais a aussi fait savoir qu’elle ne le soutiendrait pas formellement.

Et quelques heures plus tard, la présidence américaine a préféré poursuivre une autre campagne liée aux questions de régulation des contenus postés sur Internet. La Maison Blanche a en effet lancé un site incitant les internautes américains à témoigner de toute censure qu’ils auraient subie de la part de Facebook, YouTube ou Twitter.

« Ils ne me traitent pas bien »

« L’administration Trump se bat pour la libre expression en ligne. Quels que soient vos avis, si vous suspectez avoir été censuré ou interdit de parler en raison d’un parti pris politique, dites-le-nous, cela nous intéresse ! », a posté le compte officiel de la Maison Blanche, accompagné d’un lien vers ce portail intitulé « Tech Biais » (que l’on pourrait traduire par « Parti pris politique de l’industrie tech »).

Même si cette initiative dit s’adresser à tous, « quelles que soient leurs opinions », elle s’inscrit dans la volonté de Donald Trump de démontrer que les géants technologiques et grandes entreprises américaines du Web pratiquent une discrimination présumée contre les utilisateurs républicains d’Internet.

Récemment encore, Donald Trump s’en était offusqué directement devant Jack Dorsey, le PDG de Twitter, invité à la Maison Blanche. « Ils ne me traitent pas bien en tant que Républicain. […] Suppriment constamment des comptes. Lourdes plaintes de beaucoup de personnes », avait écrit juste avant cette rencontre le président américain.

Depuis des années, le locataire de la Maison Blanche et les élus républicains critiquent vertement les grandes entreprises du Web (Facebook, Twitter, Youtube…), accusées de favoriser les démocrates à travers des choix de modération et de paramétrages.

Témoignage et captures d’écran

« Trop d’Américains ont vu leurs comptes suspendus, interdits ou dénoncés frauduleusement pour d’obscures “violations” des règles d’utilisation », a justifié, mercredi 15 mai, la Maison Blanche. Le portail invite les personnes souhaitant relater leur mésaventure à livrer par écrit leur expérience. « Partagez votre histoire avec le président Trump », suggère la Maison Blanche, en s’adressant aux internautes convaincus d’avoir été victimes d’un « préjugé politique ».

Selon le site spécialisé The Verge, qui a testé ce site, le formulaire demande aux internautes de fournir captures d’écrans, liens ou autres informations liées à la « censure » dont ils estiment avoir été l’objet, en précisant si elle a eu lieu sur « Facebook, Twitter, Instagram, YouTube ou un “autre site” ». Contacté par The Verge, Facebook et Google n’ont pas officiellement souhaité commenter ce dispositif. Un porte-parole de Twitter a de son côté rappelé que les règles de modération de Twitter s’appliquent « à tous les utilisateurs, quelle que soit leur affiliation politique ».