Le gouvernement gabonais a annoncé, jeudi 16 mai, avoir suspendu plusieurs hauts responsables de l’administration gabonaise après la disparition fin avril de centaines de conteneurs chargés de kévazingo, un bois précieux interdit d’exploitation, saisis par la justice deux mois plus tôt.

Les investigations de ce que certains dans la presse gabonaise ont baptisé le « kévazingogate » se poursuivent et les autorités ont prévenu que personne ne serait à l’abri, pas même les membres du gouvernement s’ils étaient impliqués.

Les résultats « d’une enquête confiée à la Direction générale des contre-ingérences ont relevé à ce jour de graves et inadmissibles dysfonctionnements ainsi que des complicités actives et passives dans les administrations des eaux et forêts et des douanes », a déclaré, jeudi, la porte-parole du gouvernement, Nanette Longa-Makinda.

Plusieurs hauts cadres ont été suspendus de leurs fonctions, dont le directeur de cabinet du ministère des eaux et forêts ainsi que celui de l’économie.

Fin février et début mars, près de 5 000 mètres cubes de kévazingo, d’une valeur d’environ 7 millions d’euros, avaient été découverts sur deux sites d’entreposage appartenant à des sociétés chinoises, au port d’Owendo, à Libreville.

Une partie du kévazingo était chargée dans des conteneurs sur lesquels figurait le tampon du ministère des eaux et forêts indiquant une cargaison d’okoumé, une essence de bois autorisée à l’exportation.

Pilier de l’économie gabonaise

Après la découverte de ces documents falsifiés, le responsable de ce ministère au port et son équipe avaient été arrêtés, soupçonnés d’être impliqués dans ce trafic. Mais le 30 avril, 353 de ces conteneurs, placés sous l’autorité de la justice, s’étaient mystérieusement « volatilisés ».

La justice gabonaise a mis en cause lundi un influent entrepreneur chinois, accusé d’être le cerveau d’un trafic de kévazingo, avec la complicité de fonctionnaires gabonais. Deux cents conteneurs ont par la suite été retrouvés dans les entrepôts de deux entreprises différentes.

« Le premier ministre avait déclaré que son gouvernement serait exemplaire, et que les membres qui s’éloigneraient de cette attitude seraient sanctionnés. Ceux qui seraient impliqués dans cette affaire sont invités à en tirer les conséquences qui s’imposent », a ajouté la porte-parole.

Le kévazingo est un bois rare d’Afrique centrale très apprécié en Asie, notamment pour la réalisation de portails de temples, de tables de thé et de tables de réunion.

Représentant 60 % du PIB (hors hydrocarbures), le secteur forestier est l’un des piliers historiques de l’économie du Gabon, pays recouvert à près de 80 % par la forêt.

Fin mars, le rapport d’une ONG britannique avait dénoncé les pratiques illégales d’un groupe chinois à l’origine d’un vaste trafic d’exploitation de bois au Gabon et au Congo, accusant notamment plusieurs personnalités politiques et agents de l’administration d’être impliqués.