Des manifestants défilent dans les couloirs du Capitole du Missouri, vendredi 17 mai 2019, à Jefferson City, en opposition à la législation interdisant l’avortement à huit semaines de grossesse. / DAVID A. LIEB / AP

Le Parlement du Missouri a adopté, vendredi 17 mai, une loi très restrictive sur l’avortement, emboîtant le pas de plusieurs Etats américains conservateurs, comme l’Alabama ou la Géorgie, qui veulent faire revenir le sujet devant la Cour suprême.

La loi interdit aux médecins de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse (IVG) après la huitième semaine, un acte puni d’une peine pouvant aller jusqu’à quinze ans de prison. Elle compte des exceptions en cas d’urgence médicale, mais pas pour les victimes de viol ou d’inceste.

Le texte doit encore être promulgué par le gouverneur républicain, Mike Parson, un farouche opposant au droit à l’avortement qui se félicitait récemment sur Twitter d’avoir réduit de 20 000 à 3 000 le nombre d’IVG réalisées chaque année dans son Etat.

La loi devrait rapidement être invalidée par les tribunaux, car elle est en contradiction avec l’arrêt emblématique de la Cour suprême, Roe V. Wade, qui a légalisé en 1973 le droit à l’avortement. Mais le but du Missouri, un Etat rural et religieux du centre du pays, est de faire appel jusqu’à la Haute Cour pour la convaincre de revenir sur cette décision.

« Torrent de lois extrêmes »

Dans la même logique, l’Alabama (Sud) vient d’adopter une loi qui interdit tous les avortements sauf en cas de danger mortel pour la mère, avec des peines pouvant aller jusqu’à quatre-vingt-dix-neuf ans de prison pour les médecins.

Malgré les menaces de boycottage d’Hollywood, la Géorgie, où ont lieu de nombreux tournages, avait auparavant banni les IVG dès que les battements de cœur du fœtus peuvent être détectés, soit vers la sixième semaine de grossesse, un stade où la plupart des femmes ignorent encore être enceinte.

Depuis le début de l’année, des lois similaires ont été adoptées dans l’Ohio, le Kentucky ou encore le Mississippi. « Ce torrent de lois extrêmes va probablement continuer », a prédit l’Institut Guttmacher, qui milite pour l’accès à la santé reproductive.

La droite religieuse est galvanisée par l’entrée au sein de la Cour suprême de deux magistrats nommés par le président, Donald Trump, qui ont fait basculer le temple du droit dans le camp conservateur (cinq juges sur neuf).

Pendant la campagne présidentielle de 2016, le milliardaire républicain avait conquis l’électorat conservateur en promettant de nommer à tous les niveaux des juges opposés à l’avortement.