Les communistes ne s’y attendaient pas. Enfin, ils ont trouvé un candidat qui les fait exister dans les médias ! Enfin on parle du PCF, non pas pour se moquer, mais pour le féliciter ! La campagne d’Ian Brossat, l’adjoint au logement de la maire de Paris, Anne Hidalgo, redonne de l’espoir au parti de la place du Colonel-Fabien. Pensez donc : un sondage OpinionWay Tilder les crédite même de 4 % des intentions de vote. Plus qu’un petit point et ils atteignent le seuil des 5 % qui leur permettrait d’envoyer des élus au Parlement européen.

A dix jours du vote, ce sondage est peut-être un détail pour les autres formations, mais pour les communistes, cela veut dire beaucoup. Quand M. Brossat s’est lancé dans la campagne des élections européennes, peu de personnes y croyaient. Puis, le politique de 39 ans a su donner un coup de jeune à la formation presque centenaire : présence accrue sur les réseaux sociaux, sens de la repartie lors des débats… Jusqu’à présent M. Brossat réussit sa campagne.

Alors, pas question de bouder son plaisir de voir ses adversaires, autrefois condescendants, devenir jaloux. « C’est fou, les médias sont tous gentils avec Brossat », regrette ainsi une figure de La France insoumise (LFI). La formation mélenchoniste n’a aucun intérêt à voir le PCF monter en puissance puisque ces derniers peuvent lui grappiller des voix. Or, le résultat du 26 mai risque d’être serré et chaque voix compte dans un scrutin où l’abstention promet d’être forte.

Le meeting parisien d’Ian Brossat, jeudi 16 mai au soir au Gymnase Japy, vibrait de ces « bonnes ondes ». La salle était pleine (les organisateurs revendiquent 2 000 personnes) et plusieurs figures du parti avaient fait le déplacement, notamment Pierre Laurent (ancien secrétaire national) ; Fabien Roussel (actuel dirigeant) ; le député de Seine-Saint-Denis Stéphane Peu ; le sénateur du même département Fabien Gay ou encore le maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis), Patrice Bessac et Patrick Le Hyaric, directeur de L’Humanité et eurodéputé sortant.

« Biolchéviques »

Le mot d’ordre du meeting était « Red is a new green » (soit : « Le rouge est le nouveau vert ») : un clin d’œil à la série Orange is the new black et un message pour dire que, oui, le PCF fait aussi sa transition écologiste. « Faire de l’écologie, c’est rompre avec le capitalisme. Pour faire la transition écologique, sortons du capitalisme », a encore résumé M. Roussel. Et de lancer devant une salle hilare : « On est “écolo-cocos” et “biolchéviques” ! »

Ian Brossat a abondé : « Etre authentiquement communiste, c’est être profondément écologiste. (…) Si l’on veut mener le combat pour le climat, il faut dire qu’on ne peut pas le faire avec les logiques de l’argent-roi qui produit n’importe quoi. Il faut rompre avec les logiques des traités européens. Il faut moins d’austérité, un grand plan énergétique de rénovation des bâtiments ; renforcer les services publics et un moratoire sur les directives de libéralisation. » Le jeune candidat a ensuite défendu la relocalisation de l’économie et de l’agriculture.

« PCF is back ! »

Au-delà de ce léger aggiornamento du projet communiste, tous les intervenants ont insisté sur la mobilisation nécessaire pour atteindre les 5 % des voix au soir du 26 mai. « Si vous ne votez pas, ne râlez pas ! (…) PCF is back !, a lancé Fabien Roussel. Il se passe quelque chose, il y a une dynamique. Ce n’est pas gagné pour autant, faut gagner chacun vingt votes en dix jours. »

« Ces élections européennes ont lieu dans un contexte de colère face à la politique d’Emmanuel Macron. Il y a un gouvernement qui n’entend rien et ne comprend rien. On a un drôle de président de la République qui passe son temps à insulter les Français. Nous disons que le problème de la France n’est pas qu’on ne travaille pas assez, c’est que l’on ne gagne pas assez ! », a, quant à lui, martelé Ian Brossat.

Puis quelques instants plus tard, il recommence : « Je vois que quelque chose se passe autour de notre campagne, une mobilisation militante magnifique. Quand je vois ça, je me dis que le score de notre liste peut être la surprise de l’élection. Notre force, c’est notre cœur, notre désintéressement. » Les communistes y croient plus que jamais.