Enfin une Palme d’or pour Pedro Almodovar ? Treize ans après Volver, qui avait vu ses actrices et son scénario primés, le cinéaste espagnol, 69 ans, va tenter pour la sixième fois de remporter la récompense suprême sur la Croisette, avec un long-métrage largement autobiographique, Douleur et gloire, l’un de ses meilleurs films. Projeté en compétition officielle, vendredi 17 mai, c’est le plus achevé depuis Volver (2006), et le plus étourdissant depuis Parle avec elle (2002).

On trouve, au centre de Douleur et gloire, un réalisateur vieillissant et célèbre, Salvador Mallo. Pour l’incarner, Antonio Banderas s’est un peu vieilli (il a une bonne dizaine d’années de moins qu’Almodovar), beaucoup ébouriffé, affirmant, dès les premières séquences, la proximité entre auteur et personnage.

On peut s’amuser à rechercher les détails empruntés à la vie quotidienne de Pedro Almodovar, qui, depuis la sortie triomphale de son long-métrage en Espagne, le 22 mars, s’amuse à semer des petits cailloux dans tous les sens. « Le film est une représentation intime de moi-même à 20 %. Les 80 % restants sont de la fiction, mais tout ce qui se passe dans le film aurait pu m’arriver », nous a expliqué la star espagnole dans un entretien.

Lire l’entretien avec Pedro Almodovar  : « J’ai dû sauver mon personnage pour me sauver moi-même »

Cette journée cannoise est à l’image de l’édition 2019 avec, d’un côté, un vétéran de la Croisette et, de l’autre, une réalisatrice qui viendra pour la première fois prétendre à la Palme d’or. Née en 1972, la cinéaste autrichienne Jessica Hausner, qui a été scripte de Michael Haneke, a déjà présenté trois longs-métrages et un court à Cannes ; avec Little Joe, elle entre dans la compétition officielle. Ce film l’emmène vers un autre domaine, inexploré pour elle, celui de la science-fiction. Il y sera question de plantes génétiquement modifiées, de leurs effets bénéfiques comme de leurs effets secondaires.

Morts-vivants et fantômes

Autre voyage avec Bertrand Bonello. Le réalisateur s’inscrit dans la tendance lourde de ce 72e Festival de Cannes qui voit la mort, les zombies et les fantômes hanter de nombreux films. L’originalité du regard de Bonello en matière de morts-vivants tient d’une part à sa profondeur historique, d’autre part à l’étonnante douceur qui l’accompagne. Zombi Child, présenté à la Quinzaine des réalisateurs, se réfère moins en effet à la créature hollywoodienne fantasmatique devenue putrescente machine de mort qu’au substrat haïtien qui lui a donné naissance : soit une personne condamnée à la mort sociale, empoisonnée, enterrée puis exhumée pour devenir, sous l’effet de la drogue et de la sujétion, un marginal sous contrôle, un esclave pour dire le mot.

Enfin, cette journée de vendredi se terminera avec Stanley Kubrick et la présentation hors compétition d’une version remastérisée en ultra haute définition (4K) de son chef-d’œuvre The Shining. Cette dernière, rallongée d’une vingtaine de minutes, sortira prochainement en salle.

The Shining Remastered 40th Anniversary [Official Trailer]
Durée : 00:57