Viviane et Pierre Lambert, les parents de Vincent Lambert, le 9 juin 2016. Ils sont farouchement opposés à l’arrêt du traitement. / FRANÇOIS NASCIMBENI / AFP

Les parents de Vincent Lambert, ce patient tétraplégique en état végétatif depuis plus de dix ans, vont déposer de « nouveaux recours », lundi 20 mai, jour du début de l’arrêt programmé des traitements auquel ils s’opposent, ont annoncé leurs avocats, dimanche 19 mai, sans toutefois donner plus de précisions.

« Les parents de Vincent Lambert saisissent également les autorités et tribunaux compétents d’une plainte disciplinaire aux fins de radiation du docteur Sanchez ainsi que de poursuites pénales à son encontre », ajoutent dans un communiqué Jean Paillot et Jérôme Triomphe, à propos du médecin dirigeant le service des soins palliatifs et l’unité « cérébrolésés » de l’hôpital Sébastopol de Reims où Vincent Lambert est hospitalisé.

Une famille déchirée

Selon une source médicale, ce protocole de fin de vie pourrait durer de deux à quatre jours et comprendre, outre l’arrêt des machines à hydrater et alimenter, une sédation « contrôlée, profonde et continue », ainsi qu’une prise d’analgésiques « par précaution ».

Cette famille est déchirée : d’un côté les parents, Viviane (73 ans) et Pierre (90 ans), fervents catholiques, ainsi qu’un frère et une sœur ; de l’autre l’épouse de Vincent, Rachel, six frères et sœurs, et son neveu François dénoncent un « acharnement thérapeutique ».

Depuis 2013 et un premier arrêt des soins, stoppé sur décision judiciaire, les parents ont multiplié les recours devant maintes juridictions. L’un des derniers en date, devant le Conseil d’Etat, s’est conclu en avril par un énième rejet, ouvrant la voie à un nouvel arrêt des soins.

Les avocats des parents ont aussi saisi un organisme de l’ONU, le Comité des droits des personnes handicapées (CDPH), qui a demandé deux fois, le 3 mai et vendredi, à la France de ne pas suspendre les soins dans l’attente de l’examen du dossier sur le fond par ses soins. La France répète que ces mesures conservatoires « sont dépourvues de caractère contraignant » et met en avant le « droit du patient à ne pas subir d’obstination déraisonnable ».

La Conférence des évêques (CEF) s’est étonnée samedi de la « précipitation » à conduire « vers la mort » Vincent Lambert, et interroge : « Pourquoi ne pas attendre la réponse sur le fond de la part du Comité de l’ONU ? »

Samedi, les avocats des parents ont encore imploré Emmanuel Macron de faire maintenir les traitements dans une lettre ouverte, qualifiant la mort programmée du patient de « crime d’Etat commis au prix d’un coup de force contre l’Etat de droit ».