Ce départ était d’autant plus nécessaire que M. Kickl était « secrétaire général et avait la charge des finances » du FPÖ au moment des faits évoqués, a relevé M. Kurz. / Michael Gruber / AP

Le chancelier conservateur autrichien Sebastian Kurz a limogé, lundi 20 mai, le ministre de l’intérieur d’extrême droite, Herbert Kickl, après la diffusion d’une vidéo compromettante pour son parti FPÖ – ce qui a provoqué la démission de tous les ministres de cette formation.

Cette annonce intervient après trois jours de tumultes politiques consécutifs à la diffusion vendredi, à quelques jours des élections européennes du 26 mai, d’une vidéo datant de 2017 où le patron du FPÖ, Heinz-Christian Strache, se disait disposé à offrir des marchés publics à un oligarque russe en échange de financements occultes.

M. Strache, un allié de la Française Marine Le Pen et de l’Italien Matteo Salvini, a démissionné samedi de ses postes de vice-chancelier et de chef du parti, après dix-huit mois de coalition avec M. Kurz. Le chancelier avait toutefois souligné qu’un départ de M. Kickl lui apparaissait également inévitable, ses fonctions au ministère de l’intérieur étant, selon lui, incompatibles avec la conduite d’une enquête sur les propos de M. Strache.

« Il aurait été souhaitable qu’il démissionne comme l’a fait M. Strache », a relevé M. Kurz. M. Kickl s’y étant refusé, il ne restait d’autre solution que le limogeage, a ajouté le chancelier, qui avait, auparavant, expliqué que « M. Kickl ne peut pas enquêter sur lui-même ».

Vers des législatives anticipées

Ce départ était d’autant plus nécessaire que M. Kickl, 50 ans, considéré comme le stratège du parti, était « secrétaire général et avait la charge des finances » du FPÖ au moment des faits évoqués, a relevé M. Kurz. Selon lui, l’intéressé « n’a pas pris la mesure » du scandale provoqué par l’Ibiza Gate, du nom de la ville des Baléares où a été tournée la vidéo qui a piégé M. Strache.

Le ministre des transports, Norbert Hofer, nouveau chef désigné du FPÖ, avait prévenu dans la matinée qu’un limogeage de M. Kickl se traduirait par le départ des quatre autres ministres de ce parti.

M. Kurz avait déjà précisé que, si ce scénario se confirmait, il demanderait au président de la République Alexander Van der Bellen de nommer des « experts » aux postes laissés vacants. Le chancelier avait annoncé samedi convoquer des législatives anticipées à la suite de cette crise politique, un scrutin a priori prévu pour septembre.